CHAPITRE II
LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AU BUDGET DES COMMUNAUTES
EUROPEENNES
Le montant de la contribution française au budget
des Communautés européennes est évalué à
91,5 milliards de francs.
Par rapport à l'évaluation de notre contribution qui avait
été faite en loi de finances initiale pour 1997, l'augmentation
du prélèvement sur recettes serait de 5,2 % et
contribuerait à hauteur de 4,5 milliards de francs au creusement du
déficit de l'Etat. Par rapport au montant de la contribution
française pour 1997 tel qu'il résulte des prévisions
d'exécution connues à ce jour - 88 milliards de
francs -, l'évaluation pour 1998 se traduira par une progression du
prélèvement sur recettes de 4 %.
L'évaluation de la contribution de chaque Etat au budget communautaire
est imprécise pour quatre raisons :
Le budget des Communautés européennes comporte bon nombre
de dépenses à caractère
évaluatif
. Il en va
ainsi des dépenses agricoles dont le niveau varie largement en fonction
de l'évolution des prix agricoles.
Le budget des Communautés européennes connaît des
difficultés d'exécution
budgétaire
récurrentes. Lorsque des excédents sont constatés à
ce titre, ils sont reportés sur les exercices suivants, ce qui
réduit le montant de la contribution demandée aux Etats-membres .
L'évaluation de la contribution des Etats dans leurs monnaies
nationales dépend du taux de conversion desdites monnaies en écu.
Il y a là un mécanisme de pénalisation automatique des
Etats dont la monnaie se déprécie et qu'il faut garder à
l'esprit dans le contexte du débat sur les relations entre les Etats
à monnaie fluctuante et le budget européen.
Le taux de conversion conventionnellement retenu pour évaluer le niveau
de la contribution française pour 1998 est de 6,60 francs pour un
écu.
Enfin, l'article 10 du règlement n° 1552/89 portant
application de la décision relative au système des ressources
propres, en particulier ses paragraphes 4 à 9, prévoit, on le
rappelle, les modalités de régularisation des ressources TVA et
PNB perçues par la Communauté.
Les recettes du budget communautaire sont fixées en
référence à des assiettes estimées en avril de
l'exercice N-1. Selon l'évolution de la conjoncture économique,
celles-ci peuvent se trouver sur ou sous-évaluées.
L'article 10 prévoit que, sur le fondement des données
réelles concernant les assiettes TVA et PNB communiquées par les
Etats membres au cours de l'exercice N+1, la Commission effectue les
ajustements et en informe les Etats. Ceux-ci inscrivent alors le montant
correspondant à l'ajustement en déduction ou en augmentation de
leur versement de décembre N+1.
Un problème particulier à cette année doit être
abordé.
L'évaluation de notre contribution au budget européen est
inférieure de 1,7 milliard de francs à la somme qui
résulterait de l'application du taux de conversion de l'écu
contre franc retenu dans le cadre de l'exercice d'évaluation
-6,60 francs pour un écu- de la contribution française
déterminée dans la partie "recettes" du projet de budget
communautaire -14.119,6 millions d'écus-.
Au terme de cette opération, la contribution française devrait
être estimée à 93,2 milliards de francs.
Il faut observer qu'en revanche ce chiffre inclut les frais de perception des
ressources propres traditionnelles (droits de douane,
prélèvements agricoles et cotisations sur le sucre et
l'isoglucose) qui font par ailleurs l'objet d'une inscription en recettes non
fiscales du budget de l'Etat. Ils sont évalués à
1,136 milliard de francs en 1998, en croissance de 1,7 % par rapport
à 1997.
Une présentation nette de la contribution française au budget
communautaire conduirait donc à évaluer celle-ci à
92,1 milliards de francs.
Mais, le chiffrage retenu intègre une hypothèse de report d'un
solde positif de l'exercice 1997 qui viendrait minorer l'appel à
contribution des Etats-membres par rapport aux besoins théoriques
correspondant au projet de budget. Ceci se traduit pour notre pays par une
perspective d'économies de l'ordre de 2,6 milliards de francs que
l'évaluation fournie dans le cadre du projet de loi de finances
considère comme acquise.
Ce n'est pas la première fois que cette méthode qui comporte une
correction implicite de l'estimation du prélèvement sur recettes
est employée.
Compte tenu de l'inscription d'une recette non fiscale de 1,136 milliard
de francs représentative des frais de prélèvement des
ressources propres traditionnelles des Communautés, le
prélèvement européen s'élève en somme nette
à 90,4 milliards de francs.
I. L'EVOLUTION DU PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES
Evolution du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes
(en millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Prévision (PLF) |
63,5 |
70,7 |
84,2 |
883,4 |
90,8 |
88,0 |
89,0 |
87,0 |
91,5 |
Réalisation |
60,8 |
78,5 |
75,5 |
77,9 |
83,4 |
80,4 |
80,4 |
88 |
|
Ecart |
- 7,3 |
+ 3,9 |
- 11,6 |
- 6,4 |
- 8,4 |
- 9,8 |
- 6,5 |
+ 1 |
Entre 1990 et 1997, l'accroissement du
prélèvement sur recettes au profit des Communautés
européennes aura été de 44,7 %.
Après une forte augmentation de 1990 à 1994 (+ 37 %),
suivie d'une stagnation, le prélèvement reprend un rythme de
progression rapide en 1997.
Evolution pour la France du prélèvement communautaire rapporté au PIB
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 (1) |
||||||||
Prélèvement communautaire (mf) |
75,5 |
77,9 |
83,4 |
80,1 |
80,4 |
88 (1) |
91,5 |
|||||||
PIB (mdf) |
6.999,5 |
7.077,1 |
7.389,7 |
7.662,4 |
7.861 |
8.104 |
8.448 |
|||||||
Prélèvement communautaire/PIB |
1,07 % |
1,1 % |
1,13 % |
1,04 % |
1,02 % |
1,08 % |
1,08 % |
(1) Estimations provisoire
L'exercice 1995 apparaît ainsi comme exceptionnelle et marquée non
par une interruption mais par une suspension de la progression du
prélèvement. Cette suspension était venue moins d'une
maîtrise des dépenses communautaires que de la réduction de
la part de la France dans le total de son financement qui est passée de
19,6 à 17,5 % entre 1994 et 1995, réduction elle-même
venue de l'élargissement de la Communauté. La modération
relative des évolutions nominales en France, en particulier l'atonie de
la croissance, devait contribuer à stabiliser la part de la France dans
le financement du budget communautaire.
Mais, la reprise du mouvement d'augmentation du prélèvement sur
recettes dans le PIB s'accompagne d'un
accroissement
de sa part dans
les recettes fiscales nettes de l'Etat,
passée d'un peu moins de
6 % en 1995 à quelque 6,3 % l'an prochain
.
Les mécanismes de transferts de recettes des Etats
membres
vers le budget européen
Les recettes d'un exercice budgétaire
européen comprennent :
- Les ressources propres traditionnelles (droits de douane, cotisations
"sucre", droits agricoles) constatées de novembre de l'année n-1
à octobre de l'année n. Elles sont inscrites aux comptes de
la Commission auprès du Trésor de chaque Etat au plus tard le
premier jour ouvrable après le 19 du deuxième mois suivant celui
de la constatation des droits.
- Les versements des "ressources propres TVA et PNB" effectués
mensuellement à raison d'un douzième des sommes inscrites au
budget convertis au taux de change du dernier jour de cotation de
l'année précédant l'exercice budgétaire.
- Ces recettes sont augmentées ou diminuées du solde des
"ressources propres TVA et PNB" relatives à l'exercice antérieur
et aux exercices précédents le cas échéant. La
régularisation au titre de ces soldes intervient au mois de
décembre de l'année n et vient, soit en diminution, soit en
augmentation du versement, évoqué dans le paragraphe
précédent, effectué au mois de décembre.
Le solde au titre des "ressources propres" est la différence entre la
somme des versements par douzième opérés l'année
précédente et la somme des versements qu'aurait dû
acquitter un Etat compte tenu de la valeur prise effectivement par l'assiette
-la base TVA ou le PNB- au cours de l'année précédente.
L'existence de ces "soldes" s'explique par le fait que les
versements des
Etats sont calculés sur des bases théoriques issues de
prévisions macro-économiques que la réalité peut
déjouer.
Par exemple, si l'estimation de croissance du PIB est, une année
donnée, trop favorable, les versements des Etats au titre de la
ressource PNB seront à leur tour excessifs si bien qu'une
régularisation interviendra l'année suivante, au mois de
décembre.
- Diverses recettes correspondant au fonctionnement des
Communautés, comme les retenues sur les rémunérations du
personnel, les intérêts de trésorerie, les contributions
aux programmes de recherche...
Parmi ces diverses recettes figurent les recettes d'intérêt,
a-t-on dit, 17,4 millions d'écus, étaient budgetées
en 1996 au titre des produits d'intérêts et des remboursements de
prêts consentis par les Communautés dans le cadre des protocoles
financiers. Ce chiffre paraît étonnamment modeste compte tenu des
masses financières en jeu. Il est vrai que la gestion de
trésorerie de la Commission paraît serrée, reposant sur une
mise à disposition des crédits au fur et à mesure des
besoins -soit une trésorerie d'une quinzaine de jours- et
réalisée à partir des comptes de la Commission dans les
livres des Trésors nationaux non productifs
d'intérêt
1
.
Il n'empêche qu'en l'absence de données claires sur le profil de
trésorerie de la Commission l'on ne peut accorder pleinement foi
à des chiffres que seul un contrôle approfondi permettrait de
valider.
En tout état de cause, les Etats, lorsque leur solde au titre des
ressources propres fait apparaître un excédent
régularisable, supportent en trésorerie la charge
d'intérêts correspondant aux délais de
régularisation.
(1) Il est intéressant d'observer que les sommes
créditées à la Commission sont, elles, productives
d'intérêts pour les Etats membres.