II. LES AUTRES DÉPENSES EN FRANCE : UN " BILAN " MÉDIOCRE
Lors du premier exercice de programmation, entre 1989 et 1993, la France était destinataire de 10,2 % des moyens consacrés à cette politique alors que dans le second de ces exercices sa part théorique n'est plus que de 8,9 %.
Evolution des versements théoriques au titre de la
politique structurelle
au profit de la France (1989-1999)
(en millions d'écus 1994)
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1989-1993 |
1994-1999 |
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Versements à la France |
Part relative de la France dans CE |
Versements à la France |
Part relative (1) de la France dans CE |
Objectif 1 |
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Régions en retard de développement |
1.082 |
2,4 % |
2.190 |
2,3 % |
Objectif 2 |
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Régions de reconversion industrielle |
1.495 |
18,3 % |
3.769 |
24,5 % |
Objectif 3 et 4 |
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Lutte contre le chômage |
1.809 |
20,5 % |
3.203 |
21,1 % |
Objectif 5a |
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Structures agricoles |
1.400 |
33,7 % |
1.936 |
31,5 % |
Objectif 5b |
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Zones de développement rural |
1.170 |
36,8 % |
2.236 |
32,6 % |
PIC (1) |
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Programmes d'initiative communautaire |
453 |
10,1 % |
1.605 |
11,4 % |
Total (2) |
7.409 |
10,2 % |
14.939 |
9,8 % |
Source : Commission, premier rapport sur la cohésion,
novembre 1996
(1) Hors fonds de cohésion. En tenant compte de celui-ci, la part de la
France s'élève à 8,9
%.
Selon toute vraisemblance, sa part effective sera très
inférieure à ce niveau théorique puisqu'aussi bien la
France figure parmi les pays les moins aptes à consommer leurs
dotations.
C'est ainsi que, fin 1996, la France n'avait mobilisé que 38,7 %%
des sommes programmées à son bénéfice.
Nous sommes donc en retard de consommation du programme qui nous a
été alloué.
Paiements au titre des fonds structurels
(en millions d'euros)
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1994 |
1995 |
1996 |
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Retours France |
Part relative de la France dans CE |
Retours France |
Part relative de la France dans CE |
Retours France |
Part relative de la France dans CE |
FEOGA-Orientation
|
384,1
|
13,3%
|
359,8
|
12 9 %
|
442,3
|
11,6 %
|
TOTAL |
1.298,2 |
9,7 % |
1.126,1 |
7,1 % |
1.730,1 |
8,5 % |
Cette
situation a été très souvent analysée. Elle semble
provenir d'un ensemble de facteurs les uns de fond, les autres plus techniques.
S'agissant des problèmes de fond, la capacité des préfets
de région à élaborer des programmations régionales
est fréquemment mise en cause. Elle pourrait d'ailleurs n'être que
le reflet d'un certain manque d'appétit pour des financements dont les
acteurs locaux savent ce qu'ils leur coûtent sans certitude aucune sur ce
qu'ils pourraient leur rapporter.
Il est certain que l'obligation de dégager des contreparties nationales
qui, en l'état, ne fait l'objet d'aucune vraie organisation et que la
lourdeur des procédures européennes et nationales sont un frein
aux initiatives.
Cette réaction de défiance paraît véritablement
contreproductive. La France perd de son fait des droits de tirage qui
pourraient abonder ses propres initiatives.
Comme nos partenaires ne font pas preuve de tant de réticences, nous
sommes conduits à financer à travers notre contribution au budget
les dépenses européennes qui leur reviennent. Notre
négligence ne nous rapporte que la fraction d'autofinancement des
dépenses programmées au bénéfice de la France, ce
qui constitue une économie qui finalement apparaît coûteuse.
En la matière, la pire avance survient lorsque du fait de nos
défauts d'organisation, la France se voit notifier des notes de
débit adressées par la Commission. Avec 5 milliards de
francs de versements européens, en attente de consommation effective, le
risque encouru n'est pas minime.
Quant aux autres versements européens en France qui proviennent pour
l'essentiel des politiques internes, le moins qu'on puisse en dire est qu'ils
sont très inférieurs en proportion à celle de notre
contribution.
La part de la France dans les dépenses de recherche et
développement réalisées en Europe est sans commune mesure
avec les maigres retours dont bénéficie notre pays dans le cadre
des programmes communs de recherche et de développement. C'est
l'illustration même de la mauvaise conception de ces programmes mais
c'est aussi celle des difficultés que la France semble rencontrer pour
mobiliser les financements européens.
Un commentaire particulier doit être réservé sur ce point
au TGV-Est car ce projet est illustratif des regrettables difficultés
rencontrées pour financer de grandes infrastructures européennes.
Le taux de participation du budget communautaire est très insuffisant.
Pour un projet soi-disant prioritaire, il s'élève à
5,3 % du coût total de la première phase (18,7 milliards
de francs) alors qu'il pourrait, au regard des normes nouvelles, être
doublé pour s'élever à 2 milliards de francs et
devrait, s'il s'agissait d'une vraie priorité, mobiliser davantage
encore de moyens.
Les régions ont dégagé d'importants crédits. Mais,
l'Etat qui a pourtant programmé cet investissement ne fait semble-t-il
pas l'effort suffisant pour le concrétiser. Les financements
prévus sont de l'ordre de ceux dégagés en Italie pour
accroître les capacités aéroportuaires de Milan soit
8 milliards de francs. En outre, les efforts consentis pour
compléter les financements à travers soit une pression sur la
communauté européenne, soit l'élaboration de montages
financiers impliquant la Banque européenne d'investissement, ne
paraissent pas à la hauteur de l'enjeu. Dans ces conditions, l'on peut
douter de la volonté gouvernementale de promouvoir ce projet.
Cette inquiétude pourrait être exemplaire des motifs pour lesquels
notre taux de consommation des crédits européens est si
médiocre.