b) La qualité et la sécurité alimentaires : un atout pour le monde rural, un enjeu pour l'agriculture française, une exigence des consommateurs
La
sécurité alimentaire : une impérieuse
nécessité
La sensibilité actuelle des consommateurs à la façon de
produire dans le secteur de l'agriculture et à ses conséquences,
que ce soit pour des raisons de santé, de plaisir ou par souci de
l'environnement, est une évidence. Le consommateur veut aujourd'hui
comprendre ce qui se passe dans la filière alimentaire afin de
connaître les caractéristiques du produit qui lui est
proposé. On peut résumer cette nouvelle approche en disant que le
temps où la science découvrait, où l'industrie produisait
et où la société se contentait d'absorber les nouveaux
produits est sans doute révolu.
Or, au-delà des éléments portant sur les prix, les
qualités gustatives ou la présentation des produits, qui sont
essentiels, les questions d'hygiène et de salubrité, à
tous les stades de la production -c'est-à-dire de l'utilisation de
fertilisants, par exemple, à la mise sur le marché de produits
d'origine tant végétale qu'animale- sont fondamentales pour le
consommateur. L'intérêt de ce dernier rejoint d'ailleurs celui des
producteurs. L'ensemble de la profession agricole a, en effet, bien compris que
son capital était dans la réputation de qualité de ses
produits et qu'il serait dommage d'avoir des problèmes dus à
quelques individus.
Ce besoin de sécurité alimentaire s'est d'autant fait ressentir
avec la crise de l'ESB et le problème des organismes
génétiquement modifiés.
Une politique de qualité à conforter
La politique de qualité est une réalité fort ancienne.
Dès 1919, les pouvoirs publics ont mis en place les appellations
d'origine contrôlée. La loi d'orientation agricole de 1960 a
créé les labels agricoles. Depuis 1986, la perspective du
marché unique européen avec le risque de banalisation et les
craintes de déréglementation frappant surtout la
spécificité et la qualité des produits ont conduit le
ministère de l'agriculture à accélérer sa politique
d'identification et de certification des produits alimentaires avec la
création de la certification de conformité.
Le succès de la politique de qualité s'illustre tout à la
fois par son importance économique, sa notoriété et son
impact pour le monde rural. Les produits sous appellation d'origine, notamment
les vins, représentent le premier poste de la balance commerciale
française avec plus de 30 milliards de francs d'excédent,
devant les céréales et l'Airbus. Avec 166 labels volailles
sur 262 décernés, 15 % de la production nationale et
20 % des achats des ménages, le label a porté la France au
premier rang européen des producteurs de volailles et au second rang des
exportateurs mondiaux.
Ainsi, au total, le chiffre d'affaires dégagé par les produits
sous signe de qualité s'est élevé en 1997 à plus de
110 milliards de francs.
Cette performance économique s'appuie sur une notoriété
que nombre de marques d'entreprise peuvent envier : 80% des consommateurs
français connaissent le label en tant que signe officiel de
qualité et 37 % l'appellation d'origine.
Mais c'est par son impact en termes d'aménagement du territoire et de
maintien des activités socio-économiques que la politique de
qualité se révèle un instrument essentiel pour l'avenir du
monde rural.
Dans nombre de cas, les produits de qualité sont une
réponse pour les régions en difficulté. Ainsi, 80 %
des fromages d'appellation d'origine contrôlée sont produits en
zones de montagne où ils constituent l'ossature de la vie
économique de régions entières. La Savoie avec le
Beaufort, les Landes et son poulet jaune " label rouge ",
Guérande (Loire Atlantique), son marais et son sel labellisé sont
des exemples d'un dynamisme régional axé autour de la
qualité.
La qualité permet une meilleure valorisation du travail agricole. Cette
politique est un acquis fondamental qu'il est impératif de consolider
dans le cadre communautaire. La Communauté a jeté, dès
1988, les bases d'une nouvelle politique agricole privilégiant la
qualité qui a été consacrée par deux
règlements ayant abouti le 14 juillet 1992. Le premier porte sur les
appellations d'origine et les indications géographiques
protégées. Le second concerne les attestations de
spécificité. Ils complètent le dispositif communautaire et
offrent aux professionnels un cadre harmonisé caractérisé
par une démarche volontaire, généralement collective, une
spécificité réelle du produit consignée dans un
document technique public et un contrôle par tierce partie. Les
producteurs qui accepteront ces contraintes bénéficieront de
dénominations valorisantes identifiables par les consommateurs, ce qui
pourrait s'avérer un avantage déterminant sur les marchés.
Afin que la politique de qualité menée jusqu'à maintenant
puisse perdurer et être renforcée, les textes communautaires ne
doivent pas élaborer une protection de vocabulaire pour des produits
n'offrant pas un minimum de niveau qualitatif.