FICHE N°6
LE
COMMERCE EXTÉRIEUR
1. LES SCÉNARIOS À 2,5 % ET
3 %
Par convention, la contribution du commerce extérieur à la croissance est nulle dans les deux scénarios de croissance soutenue (scénario à 2,5 % par an de croissance et scénario à 3 % par an).
Cette hypothèse est privilégiée pour plusieurs raisons :
- elle permet d'illustrer les conditions d'une croissance « autonome » - c'est-à-dire qui ne serait pas « tirée » par l'extérieur - de l'économie française ;
- si des améliorations, ou au contraire des détériorations de la compétitivité peuvent apparaître sur le court terme, il serait hasardeux de considérer qu'elles pourraient se prolonger sur le moyen terme ;
- enfin, compte tenu du degré d'interdépendance des économies, notamment au sein de l'Europe, la probabilité que l'économie française croisse de manière durablement divergente par rapport à ses partenaires est faible.
Lorsque la contribution des échanges extérieurs à la croissance est nulle, le solde extérieur reste inchangé (lorsqu'il s'accroît, la contribution du commerce extérieur est positive). Partant d'une situation en 2004 où le solde est proche de l'équilibre, le maintien de cet équilibre sur le moyen terme suppose que les exportations augmentent comme les importations 42 ( * ) .
L'évolution des importations dépend de l'évolution de la demande intérieure, et l'élasticité de ces importations à la demande intérieure et de la compétitivité.
Selon le modèle, pour une demande intérieure qui augmente de 2,4 % par an en moyenne sur la période, les importations - à compétitivité inchangée - augmentent de 6,9 % par an en moyenne.
Pour que les exportations augmentent au même rythme - soit 6,9 % par an - et toujours à compétitivité inchangée, il faut que la demande mondiale adressée à la France augmente de 7,5 % par an 43 ( * ) . Or, une progression annuelle de la demande étrangère adressée à la France de l'ordre de 7,5 % est caractéristique d'une phase haute du cycle de l'économie mondiale. Tendanciellement, la progression de la demande adressée à la France est plus proche de 6 % l'an.
Autrement dit, une croissance à moyen terme de l'économie française de 2,5 % ou de 3 %, compatible avec une contribution nulle des échanges extérieurs à la croissance, suppose une croissance de l'économie mondiale - et de la demande adressée à la France - plus rapide sur le moyen terme que sa tendance de longue période .
PRINCIPALES ÉVOLUTIONS DES ÉCHANGES
EXTÉRIEURS À COMPÉTITIVITÉ
INCHANGÉE
(en %) |
||||||||
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2004-2009 |
1995-2005 |
Importations en volume |
7,0 |
6,2 |
6,4 |
6,8 |
7,1 |
7,1 |
6,9 |
5,9 |
Exportations en volume |
3,9 |
6,2 |
6,6 |
6,9 |
7,2 |
7,1 |
6,9 |
5,1 |
Demande mondiale |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,5 |
7,6 |
7,5 |
6,1 |
Solde extérieur (contribution à la croissance du PIB) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
- 0,2 |
Solde extérieur
|
- 0,7 |
- 0,7 |
- 0,6 |
- 0,6 |
- 0,6 |
- 0,6 |
- 0,7 |
2,7 |
2. LE SCÉNARIO NOIR À
1,8 %
Le scénario noir décrit dans la fiche n° 2 combine la réalisation d'un certain nombre d'évènements défavorables. Parmi ceux-ci, trois ont un impact défavorable sur les échanges extérieurs de la France :
- le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, qui freine l'évolution de la demande adressée à la France et ralentit ses exportations. La demande mondiale progresse ainsi dans ce scénario de 6 % par an en moyenne sur 2006-2009, contre 7,5 % dans le scénario central à 2,5 % de croissance ;
- une stabilisation en projection des prix du pétrole autour de 40 dollars, dont l'effet négatif (renchérissement du prix des importations et, par conséquent, dégradation de la balance commerciale) est toutefois quasiment « neutralisé » par l'appréciation de l'euro ;
- la dépréciation de 40 % du dollar en 2006 et 2007, celui-ci rejoignant son niveau de début de période (1 euro = 1,24 dollar) en 2009.
Comme au cours des deux années 2002 et 2003, la dépréciation du dollar simulée en projection sur les années 2006 et 2007 a un impact fortement négatif sur la compétitivité et sur les exportations en volume (respectivement + 2,5 % et - 0,1 % contre + 6,6 % et 6,6 % dans le scénario central à 2,5 %).
La contribution des échanges extérieurs à la croissance est de ce fait fortement négative en 2006 et 2007 : respectivement - 0,4 et - 0,8 point.
Le rétablissement en fin de période de la parité initiale euro/dollar (soit 1,25) a, a contrario , un impact très positif sur le commerce extérieur. Sa contribution est positive en 2009 à hauteur de 0,6 point.
En moyenne, sur la période de projection, la contribution du commerce extérieur, dans ce scénario, est négative à hauteur de 0,1 point par an .
* 42 En réalité, le solde extérieur est légèrement négatif en 2004 (- 1 milliard d'euros), de sorte que sa stabilisation sur le moyen terme suppose que les exportations augmentent légèrement plus vite que les importations (« effet de base ») ; l'écart en projection est de l'ordre de 0,03 à 0,05 point, mais n'apparaît pas dans les tableaux ci-dessus en raison des arrondis.
* 43 L'écart entre la progression de la demande mondiale et celle des exportations (7,5 % contre 6,9 %) traduit la perte tendancielle de parts de marché consécutive à l'émergence de nouveaux concurrents et l'ouverture des échanges. Indépendamment des fluctuations de compétitivité, cette évolution est commune à l'ensemble des pays développés