C. LA MISE EN OEUVRE DE L'OBLIGATION D'EMPLOI DES TRAVAILLEURS HANDICAPÉS
Cet avis
offre à votre rapporteur l'occasion de faire le point sur la mise en
oeuvre de la loi n° 87-517 du 10 juillet 1987 qui fait obligation à
tous les établissements de plus de vingt salariés d'employer
l'équivalent de 6 % de travailleurs handicapés
(article
L. 323-1 à L. 328-8 du code du travail).
En dehors de la solution de l'emploi direct, les entreprises peuvent conclure
et appliquer des accords d'entreprise ou de branche prévoyant des
programmes annuels ou pluriannuels d'embauche, d'insertion, de formation,
d'adaptation aux mutations technologiques ou de maintien dans l'entreprise en
cas de licenciements collectifs. L'entreprise peut également verser une
contribution volontaire à l'AGEFIPH (Association de gestion du fonds
pour l'insertion professionnelle des handicapés) pour chaque
salarié handicapé non employé. Elle peut également
s'acquitter partiellement de son obligation en passant avec les
établissements de travail protégé, des contrats de
fournitures, de services et de sous-traitance.
1. L'obligation d'emploi dans les entreprises
La
Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques
(DARES) du ministère de l'emploi et de la solidarité a
récemment fait connaître les dernières statistiques
disponibles en ce domaine
4(
*
)
.
Il apparaît tout d'abord que, depuis 1993,
le taux d'emploi direct de
travailleurs handicapés est marqué par une forte
stabilité
: il fluctue légèrement autour de
4 %.
Ainsi, 221.000 travailleurs handicapés
étaient-ils employés en 1996, ce qui correspond à un taux
de 4 %.
Ce résultat peut être apprécié de manière
favorable dans la mesure où, comme le souligne la DARES dans son
étude, la comparaison du taux d'emploi direct au taux objectif de
6 % est biaisé du fait d'une règle, inscrite dans la loi,
qui précise que le nombre de handicapés à employer est
égal à 6 % de l'effectif arrondi à l'entier
inférieur. De ce fait, par exemple, une entreprise de 33 salariés
doit employer un seul handicapé, soit un taux d'emploi direct de
3,3 %. Dans ces conditions, le taux d'emploi réellement visé
dans la loi est de 4,3 % pour les entreprises de 20 à 49
salariés et de 5,4 % pour l'ensemble des établissements
assujettis.
Si on rapporte ce dernier taux au taux d'emploi direct observé,
4 %,
on constate alors que l'objectif est atteint à 74 %
, le
quart restant représentant la sous-traitance et les versements à
l'AGEFIPH. Et les performances des PME en la matière ne sont pas
différentes de celles des plus grandes entreprises.
Les travailleurs handicapés sont très majoritairement des
hommes
(75 %) nettement plus âgés que les autres
salariés puisque 74 % d'entre eux ont plus de 40 ans (contre 40 % en
moyenne dans les établissements concernés).
Ils occupent avant tout des emplois
d'ouvriers
(55 % de l'emploi
handicapé) et le principal secteur employeur reste
l'industrie
qui emploie 52 % des travailleurs handicapés contre 39 % pour le
tertiaire.
Il est à noter que les salariés reconnus par la COTOREP sont
dorénavant la catégorie de travailleurs handicapés la plus
importante (45 % de l'ensemble) devant les accidentés du travail
(43 %).
Pratiques des établissements pour satisfaire à
l'obligation d'emploi
à la date de remplissage de la
déclaration
Modalités |
Nombre d'établissements |
en % des établissements |
Recours au seul emploi direct |
27.462 |
31 % |
Recours à l'emploi direct et à la sous-traitance |
6.767 |
8 % |
Etablissements intervenant dans le cadre d'un accord |
2.203 |
2 % |
Etablissements versant à l'AGEFIPH (accords exclus) |
42.758 |
48 % |
Recours à la seule sous-traitance |
1.062 |
1 % |
Etablissements n'ayant recours à aucune alternative |
8.951 |
10 % |
TOTAL |
89.383 |
100 % |
Champ
: établissements de plus de 19 salariés.
Source : MES-DARES
2. L'obligation d'emploi dans le secteur public
Comme
dans le secteur privé, les employeurs publics sont également
astreints à une obligation d'emploi des travailleurs handicapés
à hauteur de 6 % de leur effectif.
S'agissant de la fonction publique de l'Etat, les résultats ne sont pas
totalement satisfaisants en termes de pourcentage des
bénéficiaires par rapport aux effectifs, notamment dans le
secteur de l'éducation nationale
5(
*
)
.
En 1996, le nombre des bénéficiaires de la loi du 10 juillet 1987
était de 43.800 dont 1.603 équivalents emplois sur un total de
1.132.241 agents (données hors ministère chargé de
l'éducation nationale), soit un taux de
3,87 %.
Pour le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de
la technologie, les derniers résultats remontent à 1994. Ainsi,
en 1994, on comptait dans ce ministère 26.576
bénéficiaires sur 1.108.526 agents, soit un taux de
2,4 %.
En agrégeant globalement les données disponibles, le
taux
global
serait donc de
3,14 %,
soit une légère
régression par rapport aux résultats annoncés en 1995
(3,2 %) qui s'inscrivait en progression par rapport aux résultats
antérieurs de 1993 (2,9 %) et 1994 (3,15 %).
En 1995, des décisions avaient été prises pour
améliorer les résultats : tout d'abord, le recrutement des
travailleurs handicapés par la voie contractuelle avait
été étendu à toutes les catégories
statutaires
(décret n° 95-680 du 25 août 1995)
;
ensuite, un correspondant " handicap " a été
nommé dans chaque ministère afin de définir et de
coordonner la politique générale à mener au sein de
l'administration concernée en matière d'insertion des
handicapés ; enfin, une augmentation des aides techniques ainsi que des
actions de sensibilisation et d'information et de formation a été
prévue.
Pour 1999, il est indiqué que le ministre chargé de la fonction
publique envisage d'ouvrir des négociations avec les organisations
syndicales sur ce sujet.
Votre rapporteur ne peut que souhaiter une
actualisation des
statistiques
de l'ensemble des ministères concernés par
l'obligation d'emploi
afin que l'action de l'administration puisse s'appuyer
sur des données fiables
.
S'agissant de la
fonction publique hospitalière,
le taux
d'obligation d'emploi -établi à partir d'un échantillon
représentatif de 140 établissements- est de
4,94 %
en
1996, soit 34.488 agents pour un effectif équivalent temps plein de
698.139 agents. Ce résultat se situe en deçà des
années précédentes (5,5 % en 1993, 5,69 % en
1994, 5,79 % en 1995).
Le taux moyen d'emploi, pour l'ensemble des
collectivités locales
qui ont répondu à l'enquête, soit 3.082, s'établit
pour 1995 à
4,6 %,
ce qui correspond à 30.170
bénéficiaires.
Comparé aux taux des années précédentes
(4,35 % en 1992, 4,90 % en 1993 et 5 % en 1994 et en 1995) et
même si leur détermination ne repose pas sur des bases identiques,
le taux d'emploi enregistré cette année fait apparaître
le maintien à un bon niveau de l'action des collectivités
locales
, même si une stagnation est observée.
Les communes, les établissements publics communaux et intercommunaux qui
emploient les trois-quarts des agents territoriaux font le plus d'effort pour
recruter des travailleurs handicapés.