I. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE A PERMIS A L'ÉTAT DE RÉALISER DES ÉCONOMIES SUBSTANTIELLES
A. UNE STABILISATION DES AIDES VERSÉES AUX MÉNAGES, DES CONTRIBUTIONS DES EMPLOYEURS EN HAUSSE
1. Une stabilisation du nombre de bénéficiaires
Entre
1991 et 1998, le nombre de bénéficiaires des aides personnelles
au logement s'est accru de 34 %, passant de 4,7 millions à
6,3 millions de bénéficiaires. Depuis, ce chiffre s'est
stabilisé pour décroître même
légèrement.
En effet, le « bouclage » est terminé.
L'évolution d'une année sur l'autre n'est plus liée
qu'à l'augmentation générale du nombre des ménages,
aux comportements de « décohabitation », aux
modifications de la réglementation (par exemple l'augmentation des
loyers plafonds supérieure à celle des loyers réels
conduit à élargir le champ des bénéficiaires) et
à la situation économique générale qui conduit les
ménages à « rentrer ou sortir » du
système des aides personnelles.
Les aides personnelles au logement
concernent 6,2 millions de ménages
en 2001, dont 5,3 millions au titre de la location et 853.000 au titre de
l'accession
. Le nombre de bénéficiaires d'aides à
l'accession se réduit progressivement au profit des
bénéficiaires d'aides à la location, même si le
nombre de ces derniers s'est stabilisé depuis 1998, en raison de
l'amélioration de la conjoncture économique.
Les bénéficiaires des aides personnelles au logement
Nombre
en milliers
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Location |
5.176 |
5.186 |
5 . 360 |
5 . 368 |
5 . 391 |
5.345 |
Accession |
973 |
994 |
943 |
905 |
887 |
853 |
TOTAL |
6.158 |
6.169 |
6.303 |
6.274 |
6.278 |
6.198 |
2. Des dotations budgétaires maîtrisées
Les
aides à la personne comprennent donc des aides à la location
(87,4 %) et dans une moindre mesure des aides à l'accession
(12,6 %).
Les prestations versées s'élèvent à 12,7
milliards d'euros en 2001
, dont 6 milliards d'euros pour l'aide
personnalisée au logement, 3,7 milliards d'euros pour l'allocation de
logement sociale et 3 milliards d'euros pour l'allocation de logement familiale.
(en milliards d'euros )
|
APL |
ALS |
ALF |
Total |
Locatif |
5,1 |
3,6 |
2,4 |
11,1 |
Accession |
0,9 |
0,1 |
0,6 |
1,6 |
TOTAL |
6,0 |
3,7 |
3,0 |
12,7 |
Source : balances comptables 2001 CNAF et CCMSA (montants arrondis à la centaine de millions)
Les prestations sont prises en charge pour environ 40 % par l'Etat . Cette part a eu tendance à se réduire ces dernières années, compte tenu de l'augmentation des cotisations employeurs et de la baisse corrélative des prestations. Entre 1997 et 2001, les versements des employeurs ont progressé de 1 milliard d'euros, pour atteindre 7,9 milliards d'euros tandis que les versements de l'Etat se sont stabilisés à près de 5 milliards d'euros. L'Etat a donc pleinement profité de la croissance, ce qui pourrait poser problème pour les années à venir.
Part de l'Etat dans le financement des aides à la personne
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
TOTAL ETAT |
4.941 |
4.925 |
5.104 |
5.262 |
4.997 |
TOTAL EMPLOYEURS |
6.873 |
7.111 |
7.436 |
7.465 |
7.870 |
PART DE L'ETAT DANS LE FINANCEMENT TOTAL |
41,8% |
40,9% |
40,7% |
41,3% |
38,8% |
3. Une réforme des aides personnelles financée par la croissance
Un
groupe de travail avait été mis en place suite à la
signature de la convention d'objectifs et de gestion entre l'Etat et la Caisse
nationale d'allocations familiales le 14 mai 1997. Sur la base de ses travaux,
le précédent Gouvernement a présenté une
réforme des aides personnelles en 2000.
Cette réforme poursuivait deux objectifs :
- harmoniser et simplifier les barèmes des aides, regroupés dans
un barème unique (hors le cas des logements-foyers) ;
- améliorer l'équité des aides en prenant en compte tous
les revenus de la même manière (revenus du travail, minima
sociaux, RMI).
Elle harmonisait et simplifiait le dispositif des aides personnelles et
permettait donc un traitement équitable et cohérent de l'aide des
ménages ayant de très faibles revenus, qu'ils soient issus du
travail ou de transferts sociaux ; un ménage ayant des revenus du
travail de même niveau que le RMI aura au terme de la réforme la
même aide que le Rmiste alors que son aide était nettement
inférieure. La réforme a été mise en place en deux
étapes :
-
au 1er janvier 2001
: un barème intermédiaire permettant
le même niveau d'aide jusqu'à environ 75 % du RMI ;
-
au 1er janvier 2002
: le barème définitif avec aide
identique jusqu'au niveau de revenu correspondant au RMI.
La réforme a eu un coût important, au total 990 millions d'euros,
dont une partie seulement a été prise en charge sur les
crédits du budget de l'urbanisme et du logement (544 millions d'euros)
puisque l'Etat ne contribue que pour une part au financement des aides à
la personne.
Cependant,
la réforme des aides au logement, malgré
son coût élevé pour l'Etat (300 millions d'euros en 2001
et 244 millions d'euros en 2002) aura pu se faire à effort
budgétaire nul.
Cette situation exceptionnelle s'explique par l'amélioration de la
conjoncture économique, qui tend à la fois à augmenter les
contributions des entreprises privées au financement des aides et
à diminuer le nombre de bénéficiaires. Entre 1997 et 2001,
les versements des employeurs ont progressé de 1 milliard d'euros, pour
atteindre 7,9 milliards d'euros tandis que les versements de l'Etat se sont
stabilisés à près de 5 milliards d'euros
B. LES AIDES PERSONNELLES AUJOURD'HUI
1. Une stabilisation avec un fort pourcentage d'aide à la location
(en milliards d'euros)
Comme l'illustre la graphique ci-dessus, l'augmentation des aides personnelles sur la période 1992-2000 s'explique uniquement par les aides à la location, la part des aides à l'accession ne cessant de se réduire. Il y a dix ans, ces aides représentaient 27 % des aides au logement, elles ne représentent plus que 13 % des aides en 2000. Il y a fort à craindre, compte tenu de la réforme des aides à la location entreprise en 2001 et 2002, et compte tenu de la faiblesse des réflexions sur les aides à l'accession, que ce mouvement se poursuive, voire s'amplifie, dans les années qui viennent.
2. Des aides au logement ayant acquis le statut de minimum social
La France connaît des dépenses d'aides à la personne très élevées, par rapport aux autres pays européens.
Evolution des dépenses d'aides à la personne (en euro/hab)
|
Allemagne |
France |
Grande-Bretagne |
Pays Bas |
Suède |
1991 |
29,2 |
146,4 |
187,6 |
59,0 |
155,5 |
1992 |
43,2 |
159,2 |
227,9 |
61,7 |
170,4 |
1993 |
40,8 |
174,5 |
262,3 |
60,6 |
203,7 |
1994 |
35,9 |
184,9 |
280,2 |
65,7 |
234,1 |
1995 |
35,9 |
192,0 |
296,9 |
64,3 |
234,3 |
1996 |
38,2 |
196,0 |
304,8 |
69,3 |
217,9 |
1997 |
41,4 |
201,4 |
294,3 |
74,2 |
187,3 |
1998 |
43,5 |
212,5 |
294,2 |
84,3 |
183,0 |
1999 |
|
216,6 |
313,2 |
96,9 |
178,8 |
2000 |
|
215,5 |
317,6 |
94,9 |
195,6 |
La
France arrive en deuxième position après la Grande-Bretagne pour
les aides par habitant, au même niveau que la Suède, et
elle
connaît le plus fort taux de ménages bénéficiaires
d'aides à la personne : plus d'un ménage sur quatre, contre
seulement 20 % en Grande-Bretagne, 15 % aux Pays-Bas et 8 % en
Allemagne.
L'Allemagne est le pays où la dépense est la plus faible, les
barèmes n'ayant pas été réévalués
depuis 1990. La Grande-Bretagne et la Suède ont pris des mesures pour
faire baisser les dépenses, ce qui se traduit par la baisse du nombre de
bénéficiaires à partir de 1996. En Suède c'est le
régime des retraités qui représente les deux tiers des
dépenses.
3. Un écart important avec les aides à la pierre
La
France est donc, avec la Grande-Bretagne, le pays d'Europe où la
différence entre les aides à la pierre et les aides à la
personne est la plus marquée.