II. S'ENGAGER PLUS CLAIREMENT DANS UNE POLITIQUE DE REHABILITATION DU PARC
A. LE PATRIMOINE HLM A BESOIN DE RÉNOVATION ET PARFOIS DE RÉHABILITATIONS LOURDES
1. La construction neuve chute dans tous les pays européens
La
part de la construction sociale dans la construction neuve s'est fortement
réduite entre 1993 et 2000 en France, mais également dans
l'ensemble des pays européens
. Le parc de logements sociaux est en
effet un parc vieillissant, qui nécessite avant tout des moyens de
réhabilitations pour répondre aux attentes des locataires et
remédier à certains phénomènes de vacance de
logements.
2. Réhabiliter un parc ancien
Dès 2000,
l'orientation fixée par le
précédent gouvernement a été de recentrer la
programmation de la « ligne fongible » (qui regroupe les
crédits de construction et de rénovation) au profit de la
production de nouveaux logements et donc au détriment de la
rénovation du parc HLM
.
Cette orientation a été renforcée en 2001, dans le cadre
du plan de relance du logement locatif social : seulement 88.102
réhabilitations lourdes ont été financées sur
PALULOS contre 123.248 en 2000. S'il faut tenir compte de l'application du taux
réduit de TVA, les opérations ont toutefois connu une diminution
sensible.
PALULOS : Nombre de logements et crédits utilisés
|
Nombre de logements (1) |
Crédits utilisés en euros courants |
|||
|
PALULOS (Réhabilitations lourdes) |
PALULOS (Petits travaux) |
PALULOS (Réhabilitations lourdes) |
PALULOS
|
Total |
1994 |
136 414 |
36 282 |
303 495 994 € |
11 948 865 € |
315 444 859 € |
1995 |
95 086 |
29 600 |
208 501 405 € |
8 481 217 € |
216 982 622 € |
1996 |
108 273 |
27 888 |
221 548 373 € |
6 140 831 € |
227 689 203 € |
1997 |
156 073 |
20 105 |
316 171 288 € |
5 446 061 € |
321 617 350 € |
1998 |
139 531 |
26 621 |
161 332 876 € |
5 031 231 € |
166 364 107 € |
1999 |
134 075 |
25 875 |
172 700 776 € |
4 362 054 € |
177 062 829 € |
2000 |
123 248 |
31 928 |
174 716 974 € |
6 117 340 € |
180 834 314 € |
2001 |
88 102 |
30 445 |
131 824 055 € |
6 806 567 € |
138 630 623 € |
Le
budget 2003 consacre un effort particulièrement important pour la
réhabilitation du parc social : la ligne fongible
bénéficie d'une augmentation de son montant en passant de 459,15
millions d'euros à 474 millions d'euros.
L'augmentation de la ligne
devrait permettre ainsi de desserrer la contrainte appliquée en 2001 et
2002 sur les moyens de rénovation du parc
(PALULOS), de façon
à satisfaire les besoins toujours élevés de
réhabilitation du patrimoine HLM.
Pour 2003,
il appartient toutefois aux organismes de définir une
stratégie d'intervention sur leur parc
qui prenne en compte la
qualité du service global (qualité du logement, qualité
des espaces extérieurs, services urbains de proximité) à
offrir aux habitants et analyse les perspectives alternatives de
démolition et de réhabilitation. La contrainte plus forte qui
pèse dorénavant sur les crédits de PALULOS doit conduire
les organismes HLM à mieux hiérarchiser leurs besoins selon les
différentes composantes de leur parc et à concevoir la
réhabilitation dans le cadre d'une réflexion d'ensemble sur
l'évolution de leur patrimoine. Dans cette perspective, le gouvernement
incite les organismes à se doter de « plans stratégiques de
patrimoine » qui pourront être subventionnés jusqu'à
hauteur de 50 % de leur coût et prévoit que la moitié du
parc HLM devra avoir fait l'objet d'un plan d'ici fin 2002 .
On observera enfin que la ligne « PALULOS » devrait
également contribuer en 2003 à des opérations de mise en
sécurité des HLM et notamment des ascenseurs, pour un coût
non négligeable. Les crédits devraient de fait être
davantage orientés vers ces objectifs prioritaires.
B. QUELLE POLITIQUE DE RENOUVELLEMENT URBAIN ?
1. Une montée en charge relativement lente des démolitions-reconstructions
Le
précédent gouvernement avait mis l'accent en 2002 sur les
démolitions et la qualité de service.
Pour 2002, les
crédits consacrés aux démolitions avaient
été triplés
, passant de 25,9 millions d'euros à
76,2 millions d'euros, cette enveloppe visant à permettre la
démolition d'environ 15.000 logements HLM en 2002 (contre 10.000 en 2001
et 6.000 en 2000) tout en améliorant le montant de l'aide
apportée par opération.
Votre commission avait souscrit l'an dernier à l'objectif
annoncé mais rappelait que l'objectif d'accroître les
démolitions était déjà ancien et que les
résultats étaient encore faibles.
En effet, les procédures de démolition sont complexes et
nécessitent de trouver des solutions pour le relogement des habitants
des immeubles démolis. De plus, le coût des démolitions ne
cesse d'augmenter.
Le coût des opérations de démolition
Année |
Nombre de logements financés à démolir |
Coût moyen par logement en euros pour |
|
||
travaux |
dont désamiantage |
coûts sociaux |
capital restant dû |
||
1997 |
3 311 |
4138 |
s.o. |
299 |
4700 |
1998 |
3 518 |
4758 |
s.o. |
1139 |
3845 |
1999 |
5 502 |
5361 |
1529 |
773 |
2830 |
2000 |
6 134 |
6146 |
1157 |
427 |
3017 |
2001 |
6 258 |
7089 |
1396 |
671 |
2669 |
La
décomposition des coûts moyens constatés, rentrant dans
l'assiette de la subvention, étudiée à partir des dossiers
de demande de subvention déposés par les bailleurs comporte trois
grands postes principaux :
- les coûts directs de démolition (préparation de
chantiers, travaux démolition),
- les coûts sociaux,
- le capital restant dû.
On constate
une augmentation des coûts moyens de travaux de
près de 15 % entre 2000 et 2001
, même si ce coût
moyen cache des écarts importants. Les opérations les plus
coûteuses se situent essentiellement en Ile-de-France. Il s'agit
essentiellement d'opérations de démolition portant sur un nombre
restreint de logements, entre 14 et 55 logements, et pour la plupart
d'opérations de démolition partielle plus coûteuses.
Il faut également signaler que
le coût moyen de
désamiantage
, composante du coût direct, passe de 1.155 euros
à 1396 euros par logement et concerne plus de logements (52% de
logements en 2001 contre 34% en 2002)
En revanche, les
coûts liés au capital restant dû sont en
diminution
d'environ 10 %. Depuis 1997, ce coût moyen diminue.
Ce type de coût dépend du montage financier initial des
opérations et de la date de construction, les opérations les plus
anciennes, largement amorties étant moins coûteuses.
Depuis l'année 1997,
les coûts sociaux par opération ont
connu une évolution apparemment erratique.
Ils ne reflètent
pas la réalité des coûts d'accompagnement supportés
par le bailleur (déménagements, accompagnement social) dans la
mesure où les dépenses engagées avant la décision
de financement n'étaient pas prises en compte dans l'assiette de la
subvention jusqu'à fin 2001.
Pour 2003, avec 60 millions d'euros de crédits, auxquels s'ajoutent les
subventions automatiques du 1 % logement prévues par les
conventions du 11 octobre et 11 décembre 2001,
la démolition
de 12.000 logements est prévue
. L'objectif est réduit par
rapport à 2002 (15.000 logements détruits) mais il est plus
proche de la réalité des contraintes pour ce type
d'opérations.
La réduction de l'enveloppe de crédits
résulte donc d'un souci de transparence en ajustant les crédits
aux besoins réels.
On rappellera enfin que les spécialistes chiffrent entre 150.000 et
200.000 les besoins en matière de reconstruction-démolition. Les
opérations menées, bien qu'en progrès certain, ne sont pas
à la hauteur des besoins. La lourdeur des procédures
administratives, le coût élevé des opérations de
démolition, la difficulté de reloger des familles avec dans des
logements aux loyers souvent plus élevés, sont autant d'obstacles
à une vraie politique de réhabilitation.
De fait, des
changements devraient avoir lieu, en coordination avec la politique de la
ville.
2. Une approche plus globale dans le cadre d'une véritable politique de la ville serait-elle la solution ?
L'année 2003 devrait précisément se
caractériser
par la priorité accordée, en
matière de rénovation sociale, à la politique de la ville,
suivant en cela les déclarations de M. Jean-Louis Borloo, ministre
délégué à la ville
.
Parmi les 100.000 logements sociaux réhabilités en 2003, sont
prioritaires les opérations :
-
situées dans les quartiers de la géographie prioritaire de
la politique de la ville
;
-
qui accompagnent un projet de renouvellement urbain
. Dans ce cas,
lorsque des restructurations lourdes seront nécessaires, le taux du
prêt complémentaire à la PALULOS peut - en concertation
avec la Caisse des dépôts et consignations - être
abaissé à 3 % et la durée du prêt portée
jusqu'à 25 ans ;
-
qui améliorent la qualité de la vie quotidienne des
habitants
, comme la réalisation de loges de gardiens et la lutte
contre le bruit. Pour ce dernier point qui constitue une priorité du
gouvernement, des dérogations aux montants plafonds de travaux peuvent
être accordées. De même, le taux maximal de subvention a
été porté à 15 % pour certains travaux
d'isolation phonique.
Les opérations inscrites dans les contrats locaux de relance du
logement social sont également prioritaires pour
bénéficier des concours privilégiés du « 1 %
logement ».
Il est prévu, en effet, un apport exceptionnel de
la participation des employeurs à l'effort de construction à
hauteur de 152 millions d'euros, destiné à améliorer
l'équilibre économique de certaines opérations.
D'une manière générale, le ministre
délégué à la ville a annoncé des objectifs
ambitieux en termes de démolition et reconstruction dans les quartiers
difficiles
. Dans un premier temps,
la mise en place d'un
« guichet unique »
pour regrouper les opérateurs
publics, la Caisse des dépôts et consignations et les partenaires
sociaux du 1 % logement devrait constituer un outil de simplification. Dans un
second temps, il conviendra d'envisager une vraie politique
interministérielle en faveur du renouvellement urbain.
3. Le rôle de la nouvelle « association foncière »
Une
association foncière, a été constituée depuis le
7 janvier 2002 par les partenaires sociaux sous l'appellation
« Foncière Logement ». L'action de cette association
est complémentaire de la montée en puissance des
opérations de démolition qui rend souhaitable l'intervention d'un
nouvel opérateur faisant construire des logements sur une partie des
emprises libérées par les démolitions.
Financée par des fonds du 1 % logement et gérée par
les partenaires sociaux, l'association foncière
doit progressivement
investir, à l'horizon 2006, dans des programmes immobiliers locatifs
deux milliards d'euros par an
.
En particulier, les opérations financées par l'apport de fonds du
1 % logement et par recours à l'emprunt seront :
-
d'une part construites, pour au moins 40% des sommes investies, sur les
terrains reçus par l'association foncière en contrepartie du
soutien du 1 % logement aux opérations de renouvellement
urbain
. Ces logements ne seront soumis ni à plafond de loyer, ni
à plafond de ressources ;
-
d'autre part, construites ou acquises dans les communes souffrant d'une
insuffisance de l'offre locative sociale
. Ces logements entreront dans le
décompte loi SRU, mais ne pourront pas représenter, commune par
commune, plus de 30 % de l'engagement triennal.
Les actifs ainsi constitués ont pour vocation exclusive
d'être transférés aux régimes de retraite
complémentaire après une durée minimale de
détention de 15 ans.
En terme de calendrier
, d'ici 2006, la part annuelle des revenus du
1 % affectée à la nouvelle association foncière
représentera environ un milliard d'euros Cette somme constituera les
fonds propres de l'association. Pour les programmes d'investissement, elle
pourra mobiliser des emprunts dans la limite de 150 % du montant des fonds
propres. Afin de permettre à l'Association Foncière de remplir un
objectif d'engagement significatif en 2002 et 2003, ce pourcentage pourra
être porté à 200 % pour les opérations
engagées au titre de ces deux années.
Pour 2003, le gouvernement prévoit déjà la mise en
chantier de 4.000 logements grâce à la nouvelle association
foncière.