III. ENGAGER UN MOUVEMENT CLAIR DE DÉCENTRALISATION ET D'ÉVALUATION DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT
A. UNE LOI « SOLIDARITÉ ET RENOUVELLEMENT URBAINS » TROP RIGIDE
1. Les dispositions de la loi SRU
La loi « solidarité et renouvellement urbains » a créé un dispositif de sanctions à l'égard des communes ne disposant pas d'un nombre suffisant de logements sociaux. La loi institue en effet, à compter du 1er janvier 2002, un prélèvement sur les recettes des communes ayant moins de 20 % de logements sociaux. Le produit est versé à la communauté urbaine, à la communauté d'agglomération ou à une communauté de communes, à un établissement public foncier ou, à défaut, à un fonds d'aménagement urbain affecté aux communes pour des actions en faveur du logement social
2. Un dispositif en cours de révision
Votre
commission rappelle qu'un dispositif coercitif n'est pas de nature à
régler de manière satisfaisante les problèmes structurels
de la construction sociale
, qui ont déjà été
longuement exposés dans ses rapports précédents :
faiblesse de la demande, déséquilibre des opérations,
complexité de la réglementation etc.
De fait, le Sénat a adopté le 13 novembre dernier, une
proposition de loi modifiant la loi solidarité et renouvellement
urbains, présentée par six de nos collègues
sénateurs et rapportée par notre collègue Dominique Braye.
Concernant le logement social, le texte adopté par le Sénat
substitue un « contrat de confiance » avec les élus locaux
à une logique de contrainte financière, en remplaçant des
impératifs de « stocks » de 20 % de logements sociaux dans les
communes par des obligations portant, chaque année, sur l'affectation au
logement social de 33 % des constructions nouvelles.
Par ailleurs, votre commission a expliqué à de nombreuses
reprises qu'il convenait de mener une politique de demande plutôt que
d'offre
, ce qu'est venu confirmer le rapport de la mission
d'évaluation et de contrôle de l'assemblée nationale sur le
logement social, mené par Jean-Louis Dumont, selon lequel «
il faut cesser de gérer le logement social comme au temps de la
pénurie, mais refonder la politique du logement sur la volonté de
répondre à une demande diversifiée
».
De fait, le parc social ne répond pas à la demande
. Les
ménages les plus pauvres sont davantage logés dans le parc
locatif privé que dans le parc HLM. En 1996, date de la dernière
enquête logement, les ménages du premier décile de revenus
étaient logés pour 21 % en locatif social et pour 31 % en locatif
privé. Par ailleurs, la vacance a également tendance à
s'accroître dans le parc social même si elle est très
concentrée (un quart des logements vacants se trouve dans 1,5 % du
parc).
Il faut donc reconnaître que la qualité du logement des
personnes à faible revenu ne dépend pas uniquement du nombre de
logements sociaux construits,
mais également des mesures en faveur
de leur accès au parc privé. A cet égard, on pourra se
référer aux efforts consistant à créer un parc de
logements locatifs conventionnés (dispositif dit
« Besson » en remplacement du dispositif
« Périssol »).
D'une manière générale, il est indispensable que le
logement social réponde à la demande, comme le souligne encore un
rapport de mission de l'inspection générale des finances et du
conseil général des ponts et chaussées de mars 2002 sur le
logement social.
« Le calibrage des actions publiques ne peut être
optimisé que s'il est appuyé sur une connaissance fine de la
demande, qui n'est accessible et interprétable qu'au niveau local.
Plus profondément, la programmation des crédits d'aide au
logement locatif a longtemps reposé sur l'idée qu'il convenait de
répondre quantitativement à des « besoins » de
construction et, plus récemment, de réhabilitations. Or, les
« besoins en logement » ne peuvent être
appréhendés au plan national. L'absence de définition
normative de cette notion ne permet pas, en effet, d'évaluer
objectivement la proportion de ménages dont les conditions de logement
ne sont pas satisfaisantes selon la collectivité publique. En outre, une
telle étude supposerait une connaissance du fonctionnement des
marchés locaux de l'habitat, en particulier de la façon dont
l'offre privée satisfait une partie des « besoins » en
logement social. Or, cette connaissance fait défaut au plan national.
Enfin, l'estimation des aides publiques à la réhabilitation et
à la démolition est fondée sur des enquêtes
déclaratives à la portée opérationnelle
contestée. »
Enfin,
il faut rappeler que dans la plupart des pays la réalisation
de logements sociaux a tendance à diminuer
. Elle reste en tout
état de cause directement proportionnelle au stock, c'est à dire
que les pays ayant très peu de logement sociaux ne connaissent pas de
renversement de tendance. Par contre un pays comme le Royaume Uni qui disposait
d'un parc très important a fortement ralenti ses investissements dans ce
domaine.
B. RÉFORMER LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL VERS PLUS DE DÉCENTRALISATION
1. La politique du logement social ne peut être décidée « d'en haut »
Un
rapport de séminaire de l'Ecole nationale d'administration rendu public
l'an dernier avait parfaitement résumé les difficultés de
la politique du logement social et plus globalement de la politique du logement
en France.
Celle-ci souffre en effet d'un excès de centralisation.
Ainsi, les objectifs quantitatifs sont fixés au niveau central
: une
circulaire annuelle de programmation est envoyée aux services
déconcentrés. Dans les autres pays européens, seules les
orientations générales de la politique du logement sont
définies au niveau national, les objectifs chiffrés relevant du
niveau local. En Espagne, le plan quadriennal fixe un cadre national au sein
duquel chaque région autonome choisit les priorités qu'elle
retiendra.
Les aides sont également définies au niveau national
: les
aides à la personnes sont octroyées selon des barèmes
nationaux d'attribution et les aides à la pierre sont définies
par une réglementation nationale uniforme (taux et durée des
prêts, montant des subventions, plafonds de ressources et de loyers). Les
aides fiscales sont également indépendantes de la situation
locale. Or, en Allemagne comme au Royaume-Uni, les aides à la pierre et
avantages fiscaux liés au logement sont différents selon les
Länder et les régions.
Un récent rapport de mission de l'inspection générale
des finances et du Conseil Général des Ponts et Chaussées
de mars 2002 confirme l'importance de « prendre en compte le niveau
local », ce que votre commission a souligné à plusieurs
reprises
7(
*
)
.
« Une nécessaire prise en compte du niveau local »
Les
trois pays étudiés (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni) accordent
une responsabilité plus grande aux collectivités locales. Cette
donnée est fortement liée à l'organisation administrative
et politique des pays, et donne donc difficilement lieu à une
comparaison. Cependant, au-delà des différents degrés de
décentralisation, tous les pays examinés ont pris acte de la
difficulté de fixer des règles nationales, voire
régionales trop rigides.
Ainsi, au Royaume-Uni, les règles en matière de loyer ou
d'attribution sont indicatives pour les communes, qui peuvent fixer des
règles différentes. Aux Pays-Bas, l'Etat central se contente des
règles générales, et les communes sont chargées de
réguler le marché local de l'habitat. Enfin, en Allemagne, la
récente réforme du droit de la construction (octobre 2001) vise
à associer davantage les communes et groupements de communes à la
fixation des règles, jusqu'alors principalement édictées
par les Länder.
Par ailleurs, cette réforme du droit de la construction allemand a
également cherché à enrichir les outils dont peuvent
disposer les acteurs locaux pour intervenir sur le marché de l'habitat
de manière fine. Ainsi, elle prévoit la possibilité de
déconventionnement du parc conventionné et même de
transfert de conventionnement, afin de coller au mieux à
l'évolution des besoins.
Source : rapport sur le financement du logement social - IGF/CGPC - mars
2002
Enfin, le rapport de l'ENA précité confirme qu'il n'y a pas de
politique interministérielle
. On constate un empilement des
dispositifs avec la superposition des normes issues de ministères
différents (par exemple, les normes d'insalubrité sont
fixées à la fois par la direction générale de
l'urbanisme, de l'habitat et de la construction et par la direction de l'action
sociale). En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, on essaye de simplifier les
dispositifs. En France, le ministère de la ville est peu associé
à la définition de la politique du logement, de même que le
ministère de l'emploi et de la solidarité.
Votre rapporteur estime donc que
l'idée d'impliquer davantage le
ministère de la ville dans la rénovation urbaine est
particulièrement positive
. Il rejoint en cela les observations de
son collègue Eric Doligé, rapporteur spécial des
crédits de la ville. Pour que la politique interministérielle de
la ville soit effective, il faudrait toutefois que des moyens humains et
financiers soient clairement attribués au ministre
délégué à la ville et à la rénovation
urbaine, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
2. Le rôle des collectivités locales dans la politique du logement est négligé
Il
n'existe pas de document de synthèse pertinent sur l'effort des
collectivités locales en faveur du logement
.
De manière significative, le tableau sur l'effort financier de la Nation
en faveur du logement ne les prend pas en compte, alors que son
mentionnées les aides de l'Etat et des partenaires sociaux.
Le tableau fourni par le ministère de l'économie et des finances
et le ministère chargé du logement sur les interventions des
collectivités locales manque singulièrement d'explication pour
qu'il puisse être permis d'en vérifier la pertinence. La modestie
des sommes annoncées laisse à penser que certaines actions
essentielles des collectivités locales, comme par exemple la mise
à disposition de terrains à bâtir, n'ont pas
été prises en compte.
Interventions en faveur du logement des collectivités locales en 2000
(en millions d'euros)
|
Communes |
Départements |
Régions |
Aides directes |
252 |
94 |
68 |
Aides indirectes |
12 |
1 |
3 |
Total |
264 |
95 |
71 |
Source : DCP Notes bleues de Bercy n°229-230
Le ministère chargé du logement explique clairement qu'il
n'existe pas de statistiques fiables en la matière.
Participation au financement du logement des collectivités locales : des statistiques inexistantes
Il
n'existe pas de sources exhaustives actualisées
régulièrement sur ce sujet. Les données exploitées
par la Direction de la Comptabilité Publique ne retracent que
partiellement les dépenses des collectivités locales dans le
domaine du logement parce qu'une partie des dépenses ne correspond pas
exactement à la nomenclature du domaine du logement et inversement une
partie des dépenses de ce domaine n'ont pas trait à la politique
du logement mais à des logements de fonction. De plus, les aides en
nature par apport de terrains ne sont pas identifiables dans les comptes
administratifs des communes.
Une étude effectuée par la CDC sur les interventions des
collectivités locales dans le domaine du logement depuis 1993 vues
à travers les comptes administratifs, fait apparaître les
éléments ci-après.
Les interventions réalisées par les collectivités
territoriales d'Ile-de-France sont sans commune mesure avec le reste du
territoire. En ce qui concerne les régions, les dépenses moyennes
effectuées en Ile-de-France en 1996-1997 représentent 60% de
l'ensemble des dépenses des régions.
Les régions ont dépensé en moyenne 137,2 millions d'euros
par an en 1996-97, dont 80,8 millions pour l'Ile-de-France. Rapportée au
nombre d'habitants, la dépense moyenne de l'ensemble des régions
est de 2,44 € par habitant, celle de la région Ile-de-France
représente 7,62 € par habitant et celle du reste de la France
représente 1,22 € par habitant. A noter que deux régions ne
font aucune dépense pour l'habitat.
En ce qui concerne les départements, là encore il faut distinguer
Ile-de-France et province. Les départements ont dépensé
en moyenne 335 millions d'euros par an en 1996-97 dont 198 millions € pour
l'Ile-de-France. Cela représente une dépense moyenne par habitant
de 5,64 € pour la France, de 18,45 € par habitant en Ile-de-France et
de 2,74 € par habitant hors Ile-de-France. Il faut noter qu'au sein
même de l'Ile-de-France il y a de fortes disparités : trois
départements dépensent plus de 30 € par habitant, ce sont
dans l'ordre décroissant de dépenses : Le Val de Marne, Paris et
les Hauts de Seine, à l'autre extrémité le
département des Yvelines dépense seulement 1,37 € par
habitant.
Il faut noter que Paris étant à la fois département et
ville, à ce montant ne s'ajoute pas d'autre participation, alors que
dans les autres départements de la petite couronne, notamment, les
dépenses des villes pour le logement sont importantes 23,93 € par
habitant en 1995 dans 25 villes d'Ile-de-France.
L'étude commandée par la CDC traite également des grandes
villes et des groupements et fait apparaître pour cette catégorie
une dépense moyenne de 6,25 € par habitant.
A partir de ces données, on peut tenter d'évaluer l'ensemble des
dépenses des collectivités locales pour le logement en
distinguant l'Ile-de-France et le reste du pays. En Ile-de-France, la
région affecte 7,62 € par habitant, auxquels se rajoutent 19,67
€ des départements (hors Paris) et on peut estimer à environ
3,05 € par habitant ce que rajoutent les villes, ce qui conduit à
une dépense totale de l'ordre de 30,49 € par habitant hors Paris
soit : 274 millions € et une dépense de 44,52 € pour Paris
soit 93,76 millions d'euros.
Pour le reste de la France, on a environ 1.22 € par habitant pour les
régions auxquels s'ajoutent 2,74 € pour les départements, et
compte tenu des disparités importantes de dépenses des communes,
on peut rajouter 0,76 € par habitant, ce qui fait un total de 4,73 €
par habitant, ce qui conduit à une dépense d'environ 228,67
millions d'euros, soit. une estimation totale d'environ 762,25 millions €
par an.
Par ailleurs, en 2000, d'après l'enquête auprès des
comptables des collectivités de plus de 700 habitants, c'est 430
millions d'euros qui ont été consacrés au logement, somme
en diminution par rapport à l'année précédente (
467,35 M€), la part des régions est en baisse
régulière. Mais cette enquête ne prend en compte qu'une
partie des aides effectives.
Le ministère du logement fait par ailleurs savoir que
«
s'agissant de la décentralisation, le gouvernement a
initié un processus de réflexion, de concertation et de recueil
des propositions en vue de présenter un projet de loi dans les prochains
mois. Les orientations concernant le logement ne sont pas encore
arrêtées. Leur généralisation à l'ensemble du
territoire sera, en tout état de cause, précédé
d'une phase d'expérimentation.
»
En complément d'une réflexion sur le rôle des
collectivités locales et la décentralisation en matière de
logement, il convient d'approfondir la réflexion sur la réforme
du logement social.
C. RÉFORMER PLUS PROFONDÉMENT LA GESTION DU LOGEMENT SOCIAL
1. Mieux répondre aux demandes des citoyens
a) Adapter le logement social à la demande : réduire le taux de vacance
Au
31 décembre 2000, on dénombre un peu moins de
130.000 logements vacants dans le parc locatif social (3,3% du parc),
dont :
-
23.000 logements vides (0,5% du parc) pour cause de réhabilitation
lourde, de démolition ou de vente prochaine
(qui ne sont donc pas
proposés à la location) ;
-
45.000 logements vacants (1,2% du parc) depuis moins de trois mois,
c'est-à-dire en période d'attente « normale »
entre deux occupants ;
-
65.000 logements vacants (1,6 % du parc) inoccupés depuis plus
de trois mois faute de nouveau locataire
: ce dernier aspect de la
vacance augmente fortement depuis quelques années.
L'enquête sur l'occupation des logements sociaux au 1er janvier 2000 a
mis en évidence
le taux de vacance beaucoup plus élevé
dans les zones urbaines sensibles (ZUS)
que dans le reste du parc ; en
effet ce taux est de 6 % dans les ZUS et de 2,6 % hors ZUS et zones
de revitalisation rurale (ZRR).
Ce phénomène de la vacance du parc social devrait être
mieux analysé afin d'engager réellement une politique de
reconquête de l'habitat social dans certains quartiers
.
b) Favoriser l'accession sociale à la propriété
Un autre thème important est l'accession sociale à la propriété . Le nombre de ventes de logements HLM au niveau national de 1993 à 2000 est excessivement réduit comme le montrent les chiffres ci-dessous.
L'accession sociale à la propriété dans le parc HLM
Années |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
ventes |
4.632 |
6.443 |
9.857 |
5.825 |
7.838 |
7.951 |
5.053 |
La
création de la société de garantie des opérations
d'accession sociale à la propriété des organismes d'HLM,
prévue par la loi relative à la solidarité et au
renouvellement urbains (SRU), a été retardée en raison des
difficultés rencontrées pour dégager les fonds
nécessaires à la dotation initiale de cet organisme.
Une solution a finalement été trouvée.
C'est la raison
pour laquelle votre rapporteur a déposé un amendement visant
à permettre à la Caisse de garantie du logement locatif social de
verser 15 millions d'euros en 2003 et en 2004 à la société
de garantie. Cet amendement a été adopté par le
Sénat en première lecture du projet de loi de finances.
Il conviendrait, tout comme pour la vacance, d'engager une vraie
réflexion sur l'accession sociale à la propriété,
son intérêt, ses objectifs et ses moyens.
2. Mieux organiser et contrôler le secteur des organismes HLM
a) Une multiplicité de statuts avec d'importants inconvénients
Le poids
des organismes HLM et surtout leur lien étroit avec la sphère
publique, constituent une particularité française.
Localement,
le nombre important d'organismes constitue un frein à la politique du
logement social et rend difficile la coordination des acteurs locaux.
Or, les organismes HLM ont une responsabilité importante dans le rythme
de mises en chantier de logements sociaux et qu'ils doivent, par
conséquent, mettre tout en oeuvre afin de répondre aux demandes
de logements.
Il convient à la fois de réformer le secteur HLM et de lui
donner les moyens d'agir.
Il faut tout d'abord réfléchir sur
la multiplicité des
statuts des organismes HLM et ses conséquences
.
Si l'on se réfère uniquement au régime fiscal des
organismes sociaux,
les divergences sont telles qu'elles peuvent
entraîner des distorsions de concurrence.
Ainsi, les sociétés d'économie mixte (SEM) intervenant
dans le domaine du logement social sont entièrement soumises à
l'impôt sur les sociétés, les organismes publics
d'aménagement et de construction (OPAC) sont partiellement
exonérés et les sociétés anonymes d'habitations
à loyer modéré (SA d'HLM) sont totalement
exonérées, y compris d'ailleurs pour leurs opérations ne
relevant pas du logement social.
Du fait des distorsions, par exemple lorsqu'une SEM vend un logement social
à une SA d'HLM, les plus-values latentes sont imposées
immédiatement à l'impôt sur les sociétés car
la SA d'HLM étant exonérée d'impôt sur les
sociétés, le régime de faveur des fusions ne s'applique
pas.
Le transfert de patrimoine entre organismes sociaux pose problème et
doit être examiné avec attention, en lien avec une simplification
du régime fiscal des organismes de logements sociaux.
Dans un premier temps,
votre rapporteur a simplement proposé par
amendement à la première partie du projet de loi de finances pour
2003 d'aligner le régime fiscal du premier apport de logement social
neuf d'un organisme à un autre sur le régime des ventes de
logements sociaux, c'est-à-dire lui appliquer un taux de TVA de 5,5 %.
Le Sénat a adopté cet amendement en première lecture du
projet de loi de finances.
On rappellera qu'aujourd'hui, l'exonération d'impôt sur les
sociétés pour l'ensemble des organismes sociaux coûte 300
millions d'euros, dont 200 millions pour les SA d'HLM. Sur cette somme,
une partie minoritaire correspond à des activités hors logement
social.
b) Mieux évaluer la gestion des organismes sociaux
L'efficacité du parc social doit aussi être
évaluée.
Il ne suffit pas de dire que le parc social, par
vocation, et du fait de son statut, remplit une mission de service public,
alors que le parc privé serait entièrement livré à
la loi du marché.
Enfin, la France a trop tendance à négliger
l'évaluation de sa politique de logement social
. En Grande-Bretagne,
l'accent est mis sur l'évaluation et la notion de «
best value
for money
». Chaque collectivité locale établit un plan
annuel déterminant ses objectifs de performance et lance des appels
d'offre. Les
housing associations
ou les
registered social
landlords
, qui sont les organismes constructeurs ou les gestionnaires du
logement social, répondent à des questionnaires
détaillés pour que les collectivités évaluent leurs
résultats. En France, les rapports de la mission d'inspection du
logement social (MIILOS) ne donnent pas toujours lieu à des suites
concrètes.
c) Les propositions du rapport de la mission « financement du logement social »
Le rapport de l'inspection générale des finances et du conseil général des ponts et chaussées précité fait à ce sujet une série de propositions concernant la politique du logement, au-delà même du secteur HLM que votre rapporteur spécial juge utile de reproduire ici.
Les recommandations du rapport sur le financement du logement social
Sur la
programmation et la répartition des crédits d'aide et leur
articulation avec les objectifs territoriaux de la politique du logement
1. Justification, à partir d'études de la demande, des programmes
nationaux d'aide, et de leur répartition en enveloppes régionales.
2. Renforcement de l'effort d'étude de la demande, et dans les
départements les plus chargés des moyens de suivi.
3. Liberté d'usage de la fongibilité au niveau régional et
déspécialisation des aides budgétaires à la pierre.
4. Développement progressif du conventionnement global pluriannuel entre
l'organisme de logement social et l'autorité territoriale
(généralement départementale, aujourd'hui préfet de
département ; sauf évocation au niveau régional pour les
organismes étendus).
Sur l'attribution des aides
5. Application stricte des règles existantes pour l'attribution des
aides consenties dans le régime maintenu.
6. Priorité budgétaire aux aides consenties dans le cadre du
conventionnement global.
7. Déconcentration au niveau régional des règles
d'application des aides à la pierre, les principes seuls restant
définis au niveau central.
Sur les caractéristiques, le contenu et les effets des conventions
globales
8. Conventions globales valant promesses des aides prévues, et
autorisation d'emprunter selon le meilleur profil négociable dans le
cadre du volume d'aide de taux attribué.
9. Durée négociable et adaptable, mais limitée,
généralement 3 à 5 ans.
10. Admission au conventionnement global subordonnée à la
production d'études stratégiques, patrimoniales, et de
restructuration des loyers, robustes ; donc à la démonstration
par l'organisme d'une qualification suffisante.
11. Encouragement par ce mécanisme au regroupement ou au travail
coopératif des organismes.
12. Autorisation aux offices de créer des participations non
majoritaires, notamment pour l'acquisition de compétences et pour la
coopération dans les projets de renouvellement urbain.
13. Obligation de convenir sur les loyers, le programme d'investissements (et
désinvestissements), les objectifs chiffrés de peuplement
(engagement individuel d'attributions prolongeant les actuels accords
collectifs).
14. Globalisation du financement sur emprunt.
Sur la gestion des organismes
15. Reconnaissance par une pratique transparente des amortissements et des
provisions des moins values immobilières latentes.
Sur les sources de financement
16. Ouverture à la concurrence de la distribution des prêts sur
livret A, comme pour les autres prêts au logement.
17. Approfondissement de l'analyse des conditions d'équilibre financier
de la nouvelle société foncière du 1%.
18. Amélioration des études prévisionnelles actuelles de
la CDC par de vrais modèles prévisionnels de la ressource,
incluant une appréciation réaliste du risque de transformation.
19. Clarification des règles déterminant le
prélèvement budgétaire de l'Etat sur les fonds
d'épargne.
20. Inscription dans la loi des règles d'actualisation annuelle des
barèmes des aides personnelles au logement.
Parmi les recommandations, il faut souligner une réflexion approfondie
sur le conventionnement global et le souci d'établir un certain nombre
de règles au niveau local.
On observera enfin
qu'un certain nombre de propositions reflètent les
préoccupations exprimées par votre commission des finances depuis
quelques années,
en particulier l'effort d'étude de la
demande de logement social ou la clarification des règles
déterminant le prélèvement budgétaire de l'Etat sur
les fonds d'épargne.
CHAPITRE IV :
DES AIDES A LA PIERRE POUR LE LOGEMENT PRIVÉ
AFFAIBLIES