B. L'AJUSTEMENT PROPOSÉ PAR LE GOUVERNEMENT : UN REDRESSEMENT ATTENDU ET BIENVENU
1. Atteindre l'objectif de déficit de 5 % du PIB en 2025, un besoin impérieux
Dans ces conditions, atteindre l'objectif d'un déficit limité à 5 % du PIB, fixé par le Gouvernement lors du dépôt du projet de loi de finances, apparaît comme un besoin impérieux, tout comme respecter la trajectoire de finances publiques que s'est donnée la France et qu'elle a communiquée à ses partenaires européens.
Aussi massif soit-il, l'effort proposé par le Gouvernement est donc bienvenu et nécessaire.
Tenir l'objectif de déficit à 5 % du PIB est un double impératif : tandis qu'un déficit public trop élevé nécessite de s'endetter trop substantiellement et de supporter le paiement d'une charge de la dette croissante, le réduire est la condition nécessaire pour retrouver des marges de manoeuvre pour investir dans l'avenir et, en cas de crise, se permettre une intervention publique d'une ampleur comparable à celles qui ont pu être menées pour faire face à la crise financière de 2008-2009 et à la crise sanitaire. Par ailleurs, le respect de notre trajectoire est nécessaire pour restaurer la confiance tant de nos concitoyens que des investisseurs qui, de dérapage en dérapage, pourraient être amenés à nous prêter dans des conditions moins avantageuses, ainsi qu'on l'observe déjà depuis juin dernier.
2. Un effort qui nécessitera de changer de posture
L'état des comptes publics suppose que leur rétablissement devienne la priorité politique numéro 1 puisqu'en l'absence de réel redressement au lendemain des crises sanitaire, énergétique et inflationniste, l'action publique se retrouve dans une impasse. Le rétablissement des comptes publics, qui aurait dû être enclenché plus tôt et plus franchement14(*) et faire l'objet d'un travail réfléchi de concertation pour identifier clairement les priorités et envisager un rythme de redressement qui préserve l'activité et l'ambition des politiques publiques, conditionne désormais toute politique future.
Étant donné la gravité de la situation, l'état d'esprit qui doit présider à l'examen du budget 2025 doit donc être celui de la responsabilité et de la détermination, en évitant les lignes rouges. Le choix de la responsabilité pourra aussi exiger de prendre les mesures indispensables au redressement de nos finances publiques, mesures que, pour certaines, la majorité sénatoriale avait pu refuser par le passé lorsque la situation ne l'imposait pas. En somme, il ne faudra pas hésiter à envisager des économies en dépenses au-delà des propositions initiales du Gouvernement, comme l'avait fait le Sénat lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2024, mais pour redresser la barre et reprendre enfin la main sur nos finances publiques, il sera impossible de ne pas consentir, malgré un poids de l'impôt déjà important dans notre pays, de nouvelles recettes fiscales, au moins temporairement.
* 14 Voir le tome 1 du PLF 2023 et PLF 2024, mais aussi le rapport sur le PLPFP 2023-2027.