III. LE FINANCEMENT DU SUPER CALCULATEUR DÉDIÉ À L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Le programme 178 financera en 2025 le super calculateur de l'Agence ministérielle de l'intelligence artificielle de défense (AMIAD) acquis dans le cadre de l'appel d'offres « Asgard », 130 millions d'euros ayant été budgétés à cette fin. Le 24 octobre 2024 a été annoncée la victoire du tandem formé par HP et Orange dans cet appel d'offre, au détriment d'Atos qui aurait fait une offre très inférieure techniquement et s'agissant des délais de mise en oeuvre. Le premier super calculateur IA de la défense ne sera donc pas une solution souveraine. Interrogé lors de son audition par la commission, le ministre des armées a estimé que la priorité pour la France était de se doter rapidement d'un tel super calculateur pour ne pas « rester à quai », quitte à le remplacer dans deux ou trois ans lorsque la technologie aura progressé. En outre, NVidia, entreprise américaine, est le seul fabricant des puces GPU indispensables au fonctionnement d'un tel équipement, ce qui rend à moyen terme un solution souveraine illusoire. En revanche, le ministre a assuré que le caractère secret de la gestion des données serait bien garanti, seul du personnel habilité au secret de la défense national étant autorisé à effectuer le maintien en condition opérationnelle du calculateur.
IV. UNE ACTIVITÉ OPÉRATIONNELLE DES FORCES EN PROGRESSION MAIS UN ENTRAÎNEMENT CONTRAINT PAR LES GRANDS EXERCICES DANS LE CADRE DE L'OTAN
S'agissant de l'activité et de la préparation opérationnelle, l'évolution vers la haute intensité se poursuivra en 2025. La LPM prévoit un pallier d'activité en 2024-2027 avant une remontée en 2028-2030.
S'agissant de l'armée de terre, pour l'opération stratégique « activités opérationnelles », le montant des AE augmente de 16 % et celui des CP de 19 % au PLF 2025 par rapport à la LFI 2024, en raison des activités programmées pour préparer les engagements opérationnels des forces terrestres, pour honorer les partenariats militaires opérationnels et les détachements d'instruction opérationnelle au profit des pays partenaires. Cette augmentation va aussi permettre de couvrir la hausse des coûts liés aux déplacements du personnel. Les crédits inscrits permettront de maintenir le niveau d'entraînement autour de 70 % (au mieux 71 %) de la norme LPM, comme en 2024, la progression pour rejoindre la norme devant se faire ultérieurement.
Toutefois, le CEMAT prévoit une progression qualitative, permettant de se rapprocher des exigences de la haute intensité. Il s'agira de se préparer à l'objectif de déploiement simultané de deux brigades interarmes (BIA) françaises et d'une BIA multinationale aux ordres d'une division, ainsi qu'à la prise d'alerte d'un échelon divisionnaire au titre du New Force Model (NFM). Cette progression passe d'abord par davantage de participation aux exercices de l'OTAN tels que STEDFAST DEFENDER 2024 en février dernier et, en 2025, DACIAN SPRING (avec comme point majeur de démonstration le déploiement de la brigade multinationale AIGLE), WARFIGHTER et DIODORE. La France contribue ainsi à la transformation de l'Alliance vers le « New force model » apte à la haute intensité et effectue de nombreux « signalements stratégiques ». Toutefois, il est indispensable que le nombre élevé et la grande ampleur des exercices otaniens aille de pair avec une préservation de l'entraînement et de l'exercice des responsabilités à tous les niveaux, jusqu'aux garnisons. En effet, les grands exercices sont précieux pour les niveaux stratégiques des états-majors mais moins directement utiles pour les militaires du rang. Enfin, l'amélioration qualitative passera également par un durcissement de l'entraînement et par une préparation opérationnelle plus réaliste.
Source : Armée de terre
S'agissant de la marine nationale, la ressource consacrée à l'opération stratégique « Activités opérationnelles » présente une hausse de 17,8 % en AE et 10,3 % en CP. La situation internationale, avec plusieurs crises ouvertes, préfigure déjà en partie ce que serait la haute intensité, en particulier en Mer Rouge. Le chef d'État-major de la marine nationale a ainsi évoqué une « suractivité » de celle-ci. En 2025, la logique de coopération internationale des forces se poursuivra avec un nouvel exercice POLARIS 25 à la suite de l'exercice majeur de préparation aux combats du futur POLARIS 24. L'accent devra être mis sur la navigation en groupe, avec l'ensemble du spectre des capacités. L'activité des navires devrait être bien orientée tandis que les efforts doivent être poursuivis pour l'aéronavale, en particulier les hélicoptères, affectés par les problèmes de disponibilité déjà évoqués.
Outre ses missions programmées, la marine nationale joue par ailleurs un rôle de plus en plus important dans la lutte contre le trafic de drogues, sujet désormais majeur comme en attestent les travaux de la commission d'enquête du Sénat consacrée à ce fléau. Les prises de la marine nationale sont de plus en plus massives, que ce soit au large de la Guyane, dans le golfe de Guinée ou dans l'Océan indien.
En ce qui concerne enfin l'armée de l'air, l'OS Activité opérationnelle progressera de 16 % en CP. La volatilité des prix des produits pétroliers et la prépondérance de l'OB « carburéacteurs » (61 % de l'OS) explique en large partie l'évolution. Il faudra globalement atteindre les prochaines annuités de la LPM pour pouvoir constater des augmentations plus significatives de l'activité, compte tenu des cessions récentes à l'Ukraine, de la montée en puissance progressive des contrats verticalisés et de l'attrition. Enfin, comme la commission l'avait déjà soulignée, le faible volume de la flotte a pour conséquence une surutilisation des matériels pour permettre une activité suffisante, ce qui ne peut qu'aboutir à une augmentation des dépenses de maintien en condition opérationnelle à long terme.