I. DES AIDES POUR L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ NON REVALORISÉES
A. LE PRÊT À TAUX ZÉRO : MALGRÉ D'EXCELLENTS RÉSULTATS, UNE RÉDUCTION DES MOYENS
1. Un dispositif d'une grande utilité
a) Un dispositif efficace tant du point de vue économique que social
L'an
dernier, votre commission soulignait que en raison des difficultés de la
construction locative sociale et de l'atterrissage prévu pour la
construction locative privée (le passage du dispositif de
l'amortissement Périssol au dispositif Besson a été
relativement lent), ce sont les flux d'accession à la
propriété qui, tant dans le neuf que dans l'ancien, permettaient
la bonne tenue du secteur de la construction et de l'entretien.
La reprise constatée dans la construction aidée en 1999
(141.000 logements mis en chantier contre 127.000 en 1998) s'expliquait
uniquement par la progression du prêt à taux zéro ; la
construction locative sociale demeurant atone jusqu'à cette date.
La forte croissance des accessions avec prêts à taux zéro
s'est faite dans un contexte économique et immobilier favorable,
allié à une baisse continue des taux d'intérêt des
prêts immobiliers.
Par rapport à l'ancien prêt d'accession à la
propriété (PAP), le prêt à taux zéro a
élargi tout à la fois le réseau d'offre et le nombre des
ménages susceptibles d'en bénéficier. Il est
également très favorable aux candidats à l'accession
:
- en réduisant significativement le taux d'effort des ménages, en
particulier par le jeu des différés d'amortissement pour les
ménages les plus modestes,
- en facilitant l'accession à la propriété de
ménages appartenant aux catégories moyennes qui étaient
auparavant exclus du bénéfice des PAP.
Ainsi, 34 % des acquéreurs ont un revenu annuel imposable
inférieur à 12.638 euros (Tranche 1), 1,6 Smic ; 21 % entre
12.638 euros et 15.793 euros (Tranche 2), entre 1,64 et 2 Smic ;
19 % entre 15.794 euros et 18.949 euros (Tranche 3), entre 2 et
2,5 Smic ; soit 75 % des acquéreurs ayant un revenu mensuel au
plus égal à 2.193 euros, inférieur à
2,5 Smic.
Les ménages composés de 3 ou 4 personnes représentent
53 % des acquéreurs. 69 % des emprunteurs ont moins de 35 ans.
Les catégories socioprofessionnelles les plus représentées
sont les ouvriers (34 % du total), les employés (26 %) et les
professions intermédiaires (21 %). Dans 73 % des cas, les
emprunteurs sont des salariés du secteur privé contre 17 %
de salariés du secteur public et 10 % de non salariés, ce
qui est assez proche de la répartition de la population active.
b) Une efficacité confirmée par un récent rapport d'inspection
Une
mission a été confiée en 2001 à l'Inspection
Générale des Finances, au Conseil Général des Ponts
et Chaussées et au directeur de l'Agence Nationale d'Information sur le
Logement (ANIL) sur le prêt à taux zéro.
Les conclusions de cette mission confirment tout l'intérêt du
prêt à taux zéro, tant du point de vue social
qu'économique.
D'un point de vue social, la cible visée a été
atteinte
: 75 % des bénéficiaires ont des ressources au plus
égales à 2,5 SMIC en 2001 et bénéficient de 80 %
des subventions versées ; plus de 60 % sont ouvriers ou
employés ; par ailleurs, ce prêt contribue à la
mobilité dans le parc locatif, puisque 85 % des accédants avec un
prêt à taux zéro sont d'anciens locataires (dont 20 % de
locataires HLM) ; enfin 61 % des bénéficiaires ont entre 25 et 35
ans.
D'un point de vue économique, comme votre commission l'avait
déjà fait valoir,
ce prêt, réservé aux
opérations neuves de construction ou d'achat, ou présentant un
fort pourcentage de travaux a contribué à améliorer la
situation du secteur du bâtiment
. Le nombre d'opérations
déclenchées par le seul prêt à taux zéro a pu
représenter jusqu'à 20.000 opérations par an
(créant de l'ordre de 15.000 emplois) ce qui a permis d'apporter une
réponse efficace à la crise de la construction observée au
début des années 1990. La création du prêt à
taux zéro a ainsi évité de passer sous 250.000 mises en
chantier en 1996 et 1997 et a soutenu par la suite la remontée vers le
seuil de 300.000 mises en chantier annuelles.
De plus,
l'effet de levier du dispositif a pu être
évalué à environ 2,5 ce qui veut dire que les 800 millions
d'euros de subventions versées sur l'année ont
généré 2 milliards d'euros d'activité. Il convient
de souligner le caractère exceptionnellement élevé de ce
coefficient pour un investissement public (les valeurs
généralement observées sont en effet voisines de 1).
2. Un dispositif pourtant réduit ces dernières années
Depuis plusieurs années, de nombreuses mesures ont
pourtant réduit l'efficacité sociale du prêt à taux
zéro.
En octobre 1997, les prêts à taux zéro ont
été restreints aux primo-accédants. Depuis la
réintégration des crédits du prêt à taux
zéro dans le budget du logement, de nouvelles mesures de restriction du
dispositif ont été prises, afin de limiter son coût
budgétaire : un arrêté du 29 décembre 1999 a
plafonné la subvention de l'Etat et un arrêté du 29
septembre 2000 a réduit la période de remboursement des
prêts.
Depuis 1997, aucune revalorisation des plafonds de ressources
n'a eu lieu
, ce qui a eu pour conséquence de
« sortir » plusieurs milliers d'accédants demandeurs
potentiels du prêt à taux zéro.
De fait, le nombre de prêts à taux zéro s'est fortement
réduit depuis 1997, passant de 123.000 à 102.000 prêts
émis
. Pour 2003, une légère remontée est
annoncée (103.000) mais ce chiffre ne permet pas de parler d'inversion
de tendance.
Nombre de prêts à taux zéro
année |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PTZ émis |
145 000 |
123 000 |
111 200 |
126 266 |
111 000 |
102 000 |
PTZ mis en force |
117 900 |
129 150 |
109 200 |
116 858 |
112 169 |
101 893 |
Ainsi, les moyens budgétaires du prêt à taux zéro ne cessent de se réduire . Pour 2003, la dotation passera de 884,2 à 780 millions d'euros (- 11,8 %) et les moyens d'engagement seront réduits de 869 à 778 millions d'euros (- 10,5 %).
Consommation PTZ
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 (31/08) |
||||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Total |
1 114,0 |
1 066,0 |
912,1 |
903,7 |
816,6 |
870,6 |
912,1 |
903,7 |
816,6 |
870,6 |
529,0 |
547,2 |
On note par ailleurs que les opérations avec prêts garantis enregistrées au fonds de garantie de l'accession sociale FGAS (soit prêt à l'accession sociale PAS, soit PTZ, soit les deux) ont diminué de 13,4 % en 2001 par rapport à 2000 : 53.900 opérations contre 62.175 opérations en 2000, 73.200 en 1999, 69.200 en 1998, 70.000 en 1997 et 84.000 en 1996.
Nombre
d'opérations
garanties
|
Avec
prêt
|
Sans
prêt
|
Ensemble |
Avec PAS |
36 9000 |
16 200 |
53 100 |
Sans PAS |
800 |
|
800 |
Ensemble |
37 700 |
16 200 |
53 900 |
source SGFGAS
La baisse observée depuis 1999 a pour origine principale
l'absence
d'actualisation des plafonds de ressources d'éligibilité
aux
prêts garantis par le FGAS ainsi que certaines contraintes
réglementaires pénalisantes notamment pour les opérations
réalisées dans l'ancien. Une réforme
réalisée en octobre 2001 aurait levé en grande partie ces
difficultés.
3. Un prêt complété par d'autres prêts aidés
Plus d'un tiers des prêts à taux zéro sont associés à un prêt à l'accession sociale (PAS), plus d'un quart à un plan d'épargne-logement (PEL) ou à un prêt du 1% logement.
Plans de financement accompagnant le PTZ en 2001
(* ) Autre prêt éligible au marché hypothécaire
(**) Prêt Epargne Logement
La
répartition des plans de financement en 2001 est très semblable
à celle de 2000.
La différence notable concerne le recours
accru aux prêts libres dans les opérations d'accession avec un
prêt à taux zéro.
On note par ailleurs le recul des prêts d'épargne logement
(malgré une légère baisse des taux), et des prêts
conventionnés.
Une comparaison des résultats 2001 avec les chiffres 2000 montre une
stabilisation du nombre de prêts à taux zéro
associés à un prêt à l'accession sociale
(37%)
8(
*
)
. Les PAS sont
distribués par les établissements de crédit qui
adhèrent au FGAS (Fonds de garantie de l'accession sociale),
créé en application de la loi de finances pour 1993
n° 92-1376 du 30 décembre 1992. Le fonds garantit les
établissements prêteurs. Il est alimenté par l'Etat et les
établissements de crédit affiliés et géré
par la société de gestion du FGAS, société anonyme
au capital de 5.500.100 francs, dont les statuts ont été
adoptés par décret du 18 mars 1993. Les établissements
prêteurs signent une convention d'affiliation avec la
société de gestion.
4. Une aide particulièrement nécessaire
Le
coût moyen d'une opération d'achat dans l'individuel neuf avec un
prêt à taux zéro en 1999 a augmenté de plus 6 %
en un an, atteignant 774.800 francs. Depuis, le coût de l'accession
à la propriété s'est élevé malgré
l'effet positif de la baisse des taux d'intérêt.
En 2001, on a toutefois observé une légère
amélioration de la situation des accédants en Ile de France. Une
comparaison du taux d'effort de cette année d'avec celui de 2000
révèle une diminution du taux d'effort pour l'acquisition dans le
neuf et dans l'ancien en Ile de France respectivement de plus de deux points
(de 33.3% à 31.0%) et aux alentours d'un point (de 28.5% à
27.7%). En revanche, en province, le taux d'effort augmente respectivement de
plus de deux points (de 31.2% à 33.3%) et de trois points (de 25.4%
à 28.5%).
Pour 2002, certaines évolutions contredisent ces éléments.
En effet, si l'on compare les caractéristiques des opérations
avec prêts à taux zéro entre juin 2001 et juillet 2002, on
s'aperçoit de plusieurs évolutions :
-
une tendance à la réduction du nombre de prêts
,
assez marquée dans le secteur neuf, même s'il faut tenir compte du
décalage d'un mois dans les statistiques ;
-
une relative stabilité du montant moyen du prêt à taux
zéro,
sauf pour l'accession dans l'ancien en province ;
-
une sensible augmentation des mensualités de remboursement en Ile
de France
, qui passent de 747 à 900 euros pour l'accession dans le
neuf, le taux d'effort progressant de 31 à 36 % ;
-
le point positif concerne la province où l'on constate une
diminution des mensualités dans le neuf
(716 à 700 euros)
associée à une réduction du taux d'effort des
ménages (33,3 % à 31,8 %) mais les mensualités dans
l'ancien progressent (533 à 600 euros) et le taux d'effort
également (28,5 à 31,6 %).
Comparaison des émissions de prêts à taux zéro entre juillet 2001 et juin 2002
Zone |
IdF |
Province |
||||||
Type |
Neuf |
Ancien |
Neuf |
Ancien |
||||
|
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
Nombre de prêts |
2.682 |
3.646 |
67 |
78 |
27. 879 |
32.889 |
4.771 |
6.879 |
Montant PTZ |
20.400 |
20.443 |
18.800 |
18.431 |
16.100 |
16.022 |
13.200 |
12.821 |
Prêt principal |
155.200 |
81.300 |
74.500 |
67.352 |
72.200 |
63.983 |
52.700 |
46.954 |
Autres prêts (1) |
4.300 |
7.302 |
4.300 |
9.177 |
6.800 |
9.772 |
5.100 |
6.830 |
Apport personnel |
24.500 |
25.352 |
10.500 |
20 223 |
17.300 |
17.272 |
6.200 |
6.570 |
Total |
204.400 |
134.399 |
108.100 |
115.190 |
112.400 |
107.050 |
77.200 |
73.175 |
Mensualité moyenne (2) |
900 |
747 |
600 |
671 |
700 |
716 |
600 |
533 |
Revenu net moyen |
2.500 |
2.409 |
2.400 |
2.424 |
2.200 |
2.149 |
1.900 |
1.875 |
Taux d'effort |
36.0% |
31.0% |
25.0% |
27.7% |
31.8% |
33.3% |
31.6% |
28.5% |
source
SGFGAS
(1) : y compris Epargne-Logement si elle existe.
(2) : montant déclaré de la 1ère mensualité
tous prêts confondus.
B. RÉFORMER LE PRÊT À TAUX ZÉRO ?
1. Des mesures de restriction réglementaires
Depuis
plusieurs années, de nombreuses mesures ont réduit
l'efficacité sociale des aides à l'accession à la
propriété.
Depuis sa mise en place, en octobre 1995, le prêt à taux
zéro a connu diverses restrictions, avec une réduction de sa
durée en octobre 1996 et en octobre 1997 et une restriction aux
primo-accédants en novembre 1997.
La non-revalorisation des plafonds
de ressources a également conduit à réduire sensiblement
le nombre de bénéficiaires.
De nouvelles mesures de restriction du dispositif ont été prises,
afin de limiter son coût budgétaire : un arrêté
du 29 décembre 1999 a plafonné la subvention de l'Etat et un
arrêté du 29 septembre 2000 a réduit la période de
remboursement des prêts.
Le décret du 26 décembre 2000 a modifié et
complété le décret du 20 janvier 1997 qui portait la
quotité de prêt à 25 % du coût de
l'opération lorsqu'elle est située en zone franche urbaine par
une disposition qui porte la quotité de financement à 30 % en
zones franches urbaines et en zones urbaines sensibles.
L'arrêté du 26 décembre 2000 modifie les taux de subvention
maxima versés par l'Etat aux établissements de crédits
destinés à compenser l'absence d'intérêt. Les
nouveaux taux varient de 15,91 à 70,49 % selon les tranches de revenu,
compte tenu de la baisse des taux de marché observée au cours de
l'année.
L'arrêté du 4 octobre 2001 modifie également la
définition des ressources prises en compte en substituant aux revenus
nets catégoriels antérieurement pris en compte dans les
barèmes le revenu fiscal de référence, plus proche des
ressources réelles.
2. Une « expérimentation » vite achevée
Pour
la première fois depuis 1996, des mesures ont été prises
pour compléter le prêt à taux zéro en 2002.
Au titre du renouvellement urbain, a en effet été introduite
à titre expérimental une aide directe à la pierre venant
compléter le prêt à taux zéro. À cet effet,
deux appels à projet ont été lancés afin de
sélectionner :
- d'une part, 1.000 logements réalisés par des promoteurs,
publics ou privés dans des zones urbaines sensibles,
- d'autre part, 1.000 logements lancés par des organismes d'HLM à
destination de ménages très modestes.
Dans les deux cas, une aide de 10.700 euros devait être attribuée
pour chaque habitation concernée, diminuant d'autant le prix
d'acquisition du logement.
Votre commission s'était montrée assez réservée
sur cette expérimentation, dont le coût pouvait se
révéler assez important, en souhaitant davantage une
revalorisation du barème du prêt à taux zéro.
De fait, l'expérimentation n'a pas donné de résultats
véritablement probants. Selon les informations du ministère,
cette expérimentation ne devrait donc pas être reconduite en
2003
.
Concernant l'appel à projets « accession très sociale dans
des zones urbaines attractives » seuls 267 logements ont été
déclarés éligibles à la prime en 2002. Les
opérations sélectionnées restent chères au regard
des capacités de remboursement des emprunteurs tout en étant
insuffisamment orientées vers les zones les plus denses. L'appel
à projets concernant les zones urbaines sensibles a permis
d'agréer seulement 55 logements
9(
*
)
.
3. Des pistes de réformes à explorer
Il
conviendrait de renforcer le prêt à taux zéro, notamment en
milieu urbain, en étudiant le rôle spécifique des
collectivités locales.
Il faut d'ailleurs noter que le rapport de la mission d'évaluation
sur le PTZ propose de nouvelles pistes d'amélioration.
La principale problématique est celle de
l'élargissement du
prêt à taux zéro à l'acquisition dans l'ancien
.
L'obstacle auquel se heurte l'élargissement à l'ancien du
prêt à taux zéro est toutefois le coût
budgétaire très élevé de cette mesure : en 1996,
l'abaissement de la quotité de travaux à 20 % a ainsi
coûté près de 260 millions d'euros.
D'autres mesures peuvent être envisagées :
-
soit créer une aide permettant aux accédants modestes de
réaliser les travaux de mise aux normes des logements qu'ils
acquièrent
dans l'ancien
mais la création d'un tel
dispositif a un coût important (de l'ordre de 300 millions d'euros) et
doit être considérée en lien avec les subventions de l'ANAH
;
- soit
abaisser la quotité de travaux nécessaire pour obtenir
un prêt à taux zéro uniquement dans les zones tendues
en remplaçant celle-ci par un montant de travaux minimal de l'ordre de
15.000 euros ; cette mesure d'un coût plus réduit (de l'ordre de
61 millions d'euros) permettrait d'avoir une action pour développer
l'accession sociale en milieu urbain.
Malgré les contraintes budgétaires actuelles, votre rapporteur
souhaite que ces pistes de travail soient explorées et que soit
notamment tenu compte de l'action et de l'expérience de certaines
grandes villes, qui renforcent le prêt à taux zéro.
C. LA SÉCURISATION DES PRÊTS À L'ACCESSION SOCIALE
1. Le fonds de garantie à l'accession sociale (FGAS)
L'article L. 312-1 du Code de la construction et de
l'habitation
charge le FGAS de gérer pour le compte de l'Etat la garantie que
celui-ci accorde aux prêts PAS et, depuis octobre 1995, à certains
prêts à taux zéro. L'objet de cette garantie est
d'indemniser les établissements de crédit des pertes qu'ils
auraient à subir en cas de défaillance d'un emprunteur
bénéficiaire d'une de ces catégories de prêts.
Ce dispositif favorise ainsi l'accès au crédit immobilier de
ménages dont la capacité de remboursement est faible et pourrait
justifier un taux d'intérêt plus élevé, voire un
refus de prêt de la part du banquier. Les sommes provisionnées au
FGAS autorisent une pondération favorable des prêts garantis au
regard du ratio de solvabilité imposé aux établissements
de crédit ; cette économie de fonds propres est un facteur
déterminant de la modération relative du taux
d'intérêt servi par les banques aux accédants à
revenus modestes.
Depuis sa création en 1993, le dispositif mis en place a permis de
garantir plus de 770.000 prêts (dont 63 % de PAS) pour un montant total
de crédits de 29,57 milliards d'euros (84 % de PAS). Environ 60 % des
PAS et 85% des PTZ garantis concernent des opérations dans le neuf, ce
qui tend à montrer l'importance de la place prise par le FGAS dans le
cadre de l'activité globale de construction.
Le FGAS est alimenté par des cotisations versées par l'Etat et
les établissements de crédit qui y adhèrent, selon des
modalités fixées par convention
. Le fonds n'ayant pas la
personnalité morale, il est géré par la
société de gestion du FGAS (SGFGAS), société
anonyme dont les statuts sont approuvés par décret ; deux
commissaires du gouvernement (un représentant du ministère des
finances et un représentant du secrétariat d'Etat au logement)
assistent au conseil d'administration avec droit de veto sur les
décisions affectant l'engagement financier de l'Etat.
Le Fonds de Garantie de l'Accession Sociale à la propriété
(FGAS) est alimenté en recettes par :
• une cotisation de l'Etat (égale à 1,00 % des prêts
garantis à partir de la génération 2001 contre 1,25 % pour
les générations précédentes) ; cette cotisation est
prélevée sur le compte d'avances de l'Etat à la SGFGAS
lors de la déclaration du prêt par l'établissement
prêteur ;
• une cotisation initiale de l'établissement prêteur
égale à la cotisation de l'Etat et prélevée
simultanément ;
• une commission annuelle sur l'encours de prêts garantis
(plafonnée à 0,15 % de l'encours à partir de la
génération 2001, contre 0,2 % pour les générations
précédentes, sous réserve des bonus-malus) ;
• ainsi que la rémunération de ces fonds.
En dépense, les versements aux établissements de crédit au
titre de l'indemnisation des sinistres survenus pendant toute la durée
des prêts garantis s'imputent sur les actifs constitués lorsque
ces sinistres peuvent être constatés définitivement.
2. La question des éventuels excédents du FGAS toujours en suspens
Ces
dernières années, la question s'est posée, notamment
à l'initiative de votre commission, sur la base des informations
délivrées par le ministère, d'une modification des
conditions de versement de l'Etat au FGAS
,
car l'accroissement des
dotations budgétaires allait à contre-courant de
l'évolution de la trésorerie de ce fonds.
Ainsi, la trésorerie du FGAS s'élevait à 550 millions
d'euros à la clôture de l'exercice 1999 et le nombre de sinistres
était extrêmement faible. Début juillet 1999, 59 sinistres
étaient déclarés depuis la mise en place du FGAS, 28
avaient été pris en charge pour une indemnisation totale d'un peu
plus de 400.000 euros.
De fait, un accord a pu être trouvé sur ce point le 29 juin 2000.
Le taux de la cotisation de l'Etat et des établissements prêteurs
a été réduit de 1,25 % à 1 % et le taux
de la commission annuelle de 0,2 % à 0,13 %. La contribution de l'Etat
au fonds de garantie de l'accession sociale a donc été
réduite à 56,5 millions d'euros pour 2001.
En 2002, l'Assemblée nationale a à son tour souhaité
réviser les crédits du FGAS suivant en cela les propositions de
notre collègue député Jean-Louis Dumont au titre de la
mission d'évaluation et de contrôle sur le logement social.
Celui-ci estimait en effet, s'appuyant notamment sur l'analyse
développée en 2000 par votre commission
, que
«
l'Etat continue d'abonder la société de gestion du
fonds de garantie de l'accession sociale (SGFGAS) sur le chapitre 65-50
« Contribution de l'Etat au fonds de garantie de l'accession sociale
», sur la base de conventions qui n'ont pas été
portées à la connaissance du Parlement et qui semblent reposer
sur des prévisions de sinistralité très
exagérées. Il convient donc de réexaminer la subvention
budgétaire (de 370 millions de francs en 2001), voire de s'interroger
sur l'avenir de la trésorerie du fonds
. »
Votre commission avait alors observé que le FGAS n'est pas seulement une
trésorerie mais est un fonds de garantie qui doit faire face à
des engagements.
Cependant, il est évident que l'Etat s'est trompé en 1993,
date de création du FGAS sur le taux de sinistralité des
prêts garantis
. Il était resté sur le modèle des
anciens prêts d'accession à la propriété (PAP) et
sur la « dérive financière » du
système.
Cette erreur n'a pu se mesurer que progressivement
. En effet, les
cotisations sont versées chaque première année d'une
génération de prêts et doivent couvrir la
sinistralité des prêts pendant toute leur durée de vie (15
ans en moyenne). Il faut un minimum d'année pour faire un premier bilan
de la sinistralité des prêts : c'est ce qui est arrivé
en 2000, en constatant que la génération de prêts
contractés en 1993 avait un très faible taux de
sinistralité.
La diminution de 25 % des taux de cotisations en 2000 n'a toutefois d'effet que
sur les flux futurs et pas sur la trésorerie accumulée du fonds.
Dès 2003, il est envisageable que l'Etat récupère, sur la
première génération de prêts, ses excédents
de versements.
Votre commission estime donc que le débat doit porter sur les
modalités de réaffectation de ces excédents, afin de les
réorienter vers d'autres produits de la politique du logement.
Pour l'avenir, il faut certes poursuivre la réflexion
sur le bon
niveau de cotisations au FGAS, afin que ne se constituent pas des
excédents sans justification.
Toutefois, il serait vain de diminuer
de manière unilatérale et non concertée la contribution de
l'Etat pour les nouvelles générations de prêts.
Ceux-ci
sont en effet soumis à des risques de sinistralité sans doute
plus importants que la génération précédente. En
tout état de cause, seule une évaluation précise et
coordonnée entre les banques et l'Etat peut conduire à
réviser les taux de cotisations sauf à mettre en péril la
garantie offerte par le système et la confiance des
établissements bancaires.